Ce mot dans ma bouche
Mot à ma bouche comme un désir
sur ta langue. Chair du fruit, parfum d'aurore. La pluie sur l'érable à sucre,
l'essence du bois. Ce qui fut par tous renié, constellé sous l’horizon de
chacun. La source grave qui n'a pas trouvé de nom. La belle soumise des jours
de labeur. Va vers les grandes nuits avec ta stupeur d'enfant, marche le long
des forêts uniques de ta mémoire. Tu seras le silence avant la joie, un feu
consumant les brouillards. Ce n'est pas l'oubli qui peuple ces certitudes mais
la faveur d'un mot dans nos souffles mêlés.
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Soleil d'automne, lumière
blanche
Ne renonce pas. Les feuilles
mortes tombent comme des larmes dans le jardin des Hespérides. Pieds nus les
hommes foulent le raisin pour la fête du vin. Les chaumes brûlent la terre dans
le jubilé de l'hiver.
La nuit toute proche de
l'aurore...
Et ta main rythme déjà ce chant
au cœur même du poème, tes doigts glissent sur l'écorce de la feuille.
Ma voix porte aussi son silence.
Ne renonce pas.
Né en 1964, Yann Bachelet vit actuellement à Pau, où il partage son
temps entre peinture et écriture. C'est sa première apparition
dans Lichen.
Cette phrase résonne particulièrement : " Tu seras le silence avant la joie, un feu consumant les brouillards." et aussi le dernier du dernier poème. Bel exorde.
RépondreSupprimerUne poésie profonde, qui cherche loin.
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