La Rue, train-train madrigal
Sente débordée de murs
La rue sort tout droit d'un chemin de terre
En lignes brisées
dans la chair des quartiers
Son trajet dans les ruelles nul
et vivace s'enroule autour des maisons
fraîches
Et tout immense
qu'il soit
Dans le pourri des caniveaux
De provocants pâtés d'immeubles font saillir leurs arêtes butées
d'angles
La maçonnerie s'évase en lignes rigoureuses
Dans un sillage de bitume
De culs-de-sac
et de venelles
Si l'espace est linéaire
tout du moins tourne en rond
Après la pluie
L'impur se mêle à l'eau
Contourne et suit le quadrillage
En
plomb noir des égouts
Souvenir puissant des villes
L'architecture piquée
d'automatismes
Donne à
chaque rue sa route
et son trottoir
Des garrots de files d'attente le long des pavillons
Vers ses travaux de voirie
Parfois
Quelques pavés
mal roulés par l'usure
Une suie sèche et volatile
Fomentée dans les toux grasses
La rue tracte un ciel de zinc
Par-dessus tous les centres commerciaux
Plus hauts que les églises
L'étau
contraint ses bas-côtés
jugule
De
bout en bout
jusqu'à
l'infime
Le
peuplement resserré
Sur
ses routines
Qui
giclent
Hue !
Les vieux chemins ont la boue dure À l'impératif
ruez !
Siméon Lerouge, 24 ans, vit à Brest et se consacre à
l'écriture depuis la fin de ses études de Lettres. Son poème « La
Rue » est sa première publication et
s'inscrit dans un projet de description poétique de la ville.
Contact : si.lerouge@laposte.net.
C'est sa
première apparition dans Lichen.
Très beau poème,cadencé et serpentant, heurté et fuyant...
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