Sabine Hélot


Mon visage

Parfois, je me demande quel est mon vrai visage. J’en ai tellement. Celui tout détendu quand je dors. Celui avec la fossette quand je souris. Celui, déformé quand je crie. Gonflé quand je pleure ou quand j’ai un rhume. Mes Playmobils, eux, n’ont pas ce genre de doute.

Mes narines

Parfois, j’aimerais avoir un ami toujours avec moi. Que je transporterais et qui me soutiendrait partout, à tout moment. Mais avoir une souris ou un hamster dans sa poche, ce n’est pas discret. Une fourmi ne voudrait jamais venir toute seule et j’ai un peu peur des araignées. Alors, j’ai choisi un petit pois que j’ai glissé dans mon nez. Je le sens grandir, un peu plus vite que moi peut-être. Quand je ne pourrai plus le cacher, je le planterai et, pour me sentir moins seul, je regarderai sa famille s’agrandir.

Mes larmes

Parfois, mes larmes me semblent si bêtes, si stupides à couler dans le même sens. À être si parfaitement identiques, que je pleure de rage, de tristesse ou d'humiliation. Je voudrais tellement réinventer mes larmes. Les inverser. Les colorer selon mon humeur. Les faire exploser comme de petits geysers quand je suis en colère. Ou en faire comme de minuscules nuages qui me cacheraient quand j'ai trop honte.








Sabine Hélot vit et travaille en Bretagne. Son métier l'amène à lire, rencontrer des auteurs et, par là, sans cesse, exercer, affiner, reconsidérer, bouleverser ses goûts et ses envies. Extraits d'une série de brefs textes poétiques, intitulée Mon petit corps (presque 50 blasons juvéniles), ces textes ont la particularité de pouvoir être lus autant par des enfants que par des adultes. Ils correspondent en effet à un passage en revue des divers membres, organes, manifestations corporelles d’un petit garçon de 8 à 10 ans par lui-même. La tonalité majeure est celle de l’étonnement, de l’émerveillement ou du regret vis-à-vis du fonctionnement et de la fonctionnalité de ce corps. Présente dans le n° 22 de Lichen.

1 commentaire:

  1. Très touchant ! J'aime la simplicité et l'innocence de vos poèmes.
    Regard neuf et sans manière comme celui d'un enfant... Bravo !

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