Deuil in Mare Nostrum
Regards hagards d’enfants perdus sans crier gare
Corps coulés jeunes vieux
Toutes et tous in
fine sans âge de raison
Jetés rejetés noyés gelés sans gilets jaunes
Partis par force de Lybie sans alibi
Du Sahel, de Tunisie et d’ailleurs
Âmes sans nom rayées de la surface
De toute terre mère
Souricière
À force de cris non ouïs
Par crainte
Par lâcheté toute bue
Consommée
Par surdité feinte
De la part de pairs du Vieux Continent
Façonnés sans cœur aucun
Couards sans couille aucune
Dirigeants sonnants creux sans dignité
Incontinents
À la dérive
De la société libérale
Leaders promoteurs de sur-consommateurs
Pôvre
migrants
Pôvre
misère off benchmarking
Abandonnés
sur la surface lisse
D’un mortifère
parking liquide
À la
fin de leur faim sans fin
Quand
soudain seuls les cadavres
Glissent
En un
clapotis funeste
Entre
deux eaux
Bleues
mazoutées
De Profundis
Au fil
de l’eau d’une mer
Qui
vit passer conquérants ou triomphants
À
l’aventure voiles au vent
Athéniens
Spartiates Phéniciens Ibères Ottomans Perses et compagnie
Fiers
sur leurs nefs à toile
Mais
ça c’était avant !
Méditerranée
t’es linceul désormais
Quand
Comment
Combien
de temps
Et
pourquoi
Ça va
continuer ?
Né à Bayonne une année olympique, Robert
Latxague est gascon et journaliste ; ses passions : jazz, rugby, aficion,
océan, vins, tours du monde, écritures ; trois ouvrages parus : Le
jazz et la photographie (éditions Comp’Act, 1995), Le Meccano des
lettres pas mécaniques (éditions Thélés, 2014) et Tourments d’Amour (France Libris, 2018).
Présent dans les n° 2, 5, 10, 13, 14, 15, 16, 17, 19, 20, 23 et 28 de Lichen.
Merci pour ce texte... La mer de toutes les aventures et mythologies, celle sur laquelle Ulysse voyageait interminablement, n'est hélas plus qu'un "cimetière marin" (Paul Valéry). Merci à vous.
RépondreSupprimerCoucou Robert, bravo, beau texte touchant, qui nous renvoie à l'une des pires facettes de notre inhumanité.
RépondreSupprimerOn s'en passerait bien de ce genre de textes !
Je mets au défi les xénophobes et racistes de tout bord d'écrire un si beau texte défendant leurs convictions ...
Tout est poétique, la poésie n'y échappe pas, elle peut et doit être une arme ... en principe pacifiste !
Poésie et haine à mon sens ne peuvent faire bon ménage !
C'est entre autres pourquoi, quand j'entends chanter la marseillaise, je me demande s'il s'agit là d'un poème ...Je dois préférer l'internationale ...