Bénédicte Rabourdin : une gribouilloireuse a little décalée ?
1) Le Gribouilloire (Concentré poétique,
2017 ; ISBN : 978-2-9561683-0-0 ; 112 pages ; illustrations de l'auteur ; 16 €)
;
2) A little Décalé (Concentré poétique,
2017 ; ISBN : 978-2-9561683-1-7 ; 58 pages ; illustrations de l'auteur ; 12
€).
Bénédicte trime :
elle fait des rimes.
Moi, j'aime pas les rimes.
Ce n'est pas un crime !
D'abord, ça m'déprime.
J'trouve qu'c'est d'la frime.
Et puis, à quoi ça rime ?
Ben oui, c'est vrai, quoi : je n'aime pas les
rimes, c'est comme ça ! J'estime que c'est une contrainte usée, qui oblige à
des contorsions parfois très acrobatiques et souvent artificielles... Bon,
bref, en général, je n'aime pas les rimes.
Et pourtant, j'aime bien celles de Bénédicte :
elles sont sans prétention, pleines d'humour, d'autodérision et de tendresse.
Et elles me font marrer.
Quelqu'un qui écrit :
« Elle
dévore un bocal de lettres arachnides
Qui grimpent sur ses cordes vocales limpides
Et tissent des mots mêlés en toiles exquises
J'entends la cantatrice qui fait des bocalises » ne peut pas être complètement mauvais, non ?
Généreuse, elle va même jusqu'à donner (dans A little Décalé) la recette de son
« concentré poétique de petites
rimes tordues » :
1.
Décortiquer les mots de tous les jours.
2.
Dans la calebasse, faire fondre les mots givrés
et le bourrichon d’idées en vrac jusqu’à obtenir une mousse légère.
3.
Ajouter le petit sachet de rimes tordues, le
jus de citron, la mauvaise graine et le p’tit grain de folie.
4.
Incorporer tous les mots (de préférence sans
coquille).
5.
Mélanger la préparation et laisser mijoter
quelques heures à feu doux.
6.
Recouvrir le carafon de poésie.
7.
Ajouter un zeste de fantaisie et un soupçon
d’humour.
8.
Laisser dorer 25 minutes jusqu’à ce que le
concentré poétique soit bien gratiné. Servir chaud…
Je n'étonnerai personne, je crois, en déclarant que ce que
j'ai préféré dans Le Gribouilloire, ce sont ses petits textes très courts (3 ou
4 vers, pas plus), percutants, mordants, où tout est dit en un minimum de mots
et hop ! ça va droit où ça doit aller. Tel :
On commence la vie
En croyant la
connaître
Et puis le temps
passe
Et puis tout vous
échappe (p. 28)
ou :
À la télé
Le monde s'ennuie
Avec fracas (p. 88)
Entre les deux recueils, j'ai un faible pour le Little décalé. Peut-être, justement, parce
qu'il est « little » et puis « décalé » ? J'en extrais ce petit dernier, allez,
pour la route... :
Je connais des
puristes qui raillent les quatrains
Aux rimes
mal-en-point des poèmes à pampilles
Et classent sans
délai ces distiques à béquilles
Pour traîneurs de
savate... Les cyniques requins !
Faut-il donc pour
rentrer chez les mâche-lauriers
Ajuster son allure
aux marches mlilitaires
En suivant la cadence
des carafons binaires
Et entrer dans les
ordres pour ne pas se paumer ?
Serait-ce un outrage
d'insubordination
De ne pas rêvasser
dans les règles de l'art
Sans passer à tout
prix ses mots à la passoire
Et semer dans ses
rêves des vers à mirliton ?
("Mirliton", p. 36)
("Mirliton", p. 36)
Pour Lichen, Élisée Bec.
Ce commentaire a été supprimé par l'auteur.
RépondreSupprimerCoucou Bénédicte, ravi de te retrouver, à travers les paroles pétillantes du cher Élisée, comme d'hab' aux antipodes des îles de la Pose poétique et au cœur de Fantaisie, ce continent pas triste que tu sillonnes dans ton tacot à fleurs en offrant aux passagers des vues changeantes et pittoresques,rêveries,sourires, attendrissements... M'au fait, c'est quand la prochaine virée ? Bravo, bizzz amicales !
RépondreSupprimerCe commentaire a été supprimé par l'auteur.
Supprimer