Faire patience (extraits)
Fort de ne rien
savoir, qu'un feu du soir sur les eaux calmes, qu'une embellie éternelle,
goutte d'eau, petit pois.
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Pouvoir dire des mots
très bas, derrière l'épaule de la terre, laisser la friche travailler en soi et
hors de soi, là où le printemps se prépare : sans urgence, sans rage, pas
sans l'eau qui coule au creux des mains.
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Sur le drap
d'étreinte, elle laisse à son amant un soleil.
°
Alors
que le rideau balance au vent, à la fenêtre. Comme un drapeau blanc.
°
Pour celui qui
déporte les étoiles au plafond de sa chambre, lointaine est la poignée de
menthe sauvage qu'un enfant qui n'est plus lui froissait entre ses doigts, pour
en délivrer la senteur.
°
Les pierres souffrent
de ne pas parler. Elles cherchent un rien, une main d'enfant qui les jetterait
très loin, elles veulent connaître le ciel, l'élan.
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Le
bleu du pantalon, c'est un peu de ciel, n'est-ce pas ?
Nicolas Jaen réside à Toulon, où il est né en 1981. Livres publiés
(entre autres) : La nuit
refermée (L'arachnoïde), Les
éblouis, roman (MLD), À port
de temps (collectif), Ce
chant éloigné, Coquelicot,
autoportrait froissé et Livre noir (tous 3 à l'Atelier des Grames).
Présent dans le n° 10 de Lichen.
"laisser la friche travailler en soi et hors de soi" ...
RépondreSupprimer"Sur le drap d'étreinte" ...
Wouah !