Hélas Cadaqués !
Dans le jour les yeux n'entrent pas
et la nuit se répète pluvieuse et clairsemée.
Déjà une seule et même foule arrive
avec aux épaules d'étranges idéogrammes
dont l'encre noire est passée au vert-de-gris
comme une eau douce en peau de reptile.
Les baigneurs en procession connectée
se déplacent dans une aire de parking
d'un pas traînant d'insecte devant l'obstacle.
Est-ce une nouvelle armée qui forme ses rangs ?
Plus loin, des fritures soufflées de poussière
enveloppent la robe des veuves alanguies,
la trace est bien là de ce qui est perdu
à jamais dans le cours sinueux d'un écho.
Il y a de mauvais étés aux rêves enchevêtrés
qu'il faudrait pouvoir clore – sans trébucher
quand les murs s'éternisent à ressasser leur manque
ou leur ennui, mais qui le sait ?
Adieu donc Cadaqués,
tes montres molles sont à peu près
aussi jaunes qu'une pensée d'opiomane
aussi jaunes qu'un vieux maroquin.
Née en 1968 à Toulouse, Marie Natanson
Simpels a passé son enfance près du Capitole — scolarité distraite : elle
aime déjà les voyages et déambuler sur le fil des mots. S'échappe à 17 ans pour
parcourir l'Europe où elle travaille comme correspondante et journaliste, écrit
de nombreux articles dans des revues culturelles ; lit assidûment Milan
Kundera, Pascal Quignard et tous les poètes... Retour en France ; études de
psychologie ; vit désormais en beau Périgord. Elle est présente dans les
n° 5, 6, 7, 8, 9, 11, 12, 13, 24 et 25 de Lichen.
Oui, madame,de toutes les formes de tourisme,le "tourisme culturel"( pur alibi) est des plus glaçant. Mais n'abandonnez pas les veuves aux odeurs de frites, peignez les encore.
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