Marianne Desroziers



La chair du rêve

Sa saisir de la chair du rêve
La prendre à pleines mains
En goûter la douce chaleur
La sentir palpiter sous les doigts
En jouir avant qu'elle ne s'évapore
Aux premières lueurs sur les toits


Devant le tableau *

Corps entier
Absorbé
Par une contrée onirique
Impossible de s'en échapper
Forêt dorée automnale
Nuée d'oiseaux gris
Parsemée de
Taches de rouille
Moisissures noires
Travail du temps sur la matière

La fille devant le tableau
Sa silhouette superposée
Vierge échappée du rêve du peintre
Cheveux blonds foncés ondulés
Bras pendant le long du corps
Petit sac à mains de poupée
Longue robe sombre flottante
Bottines noires d'une autre époque
Devant une des mariales de Simon Hantaï
Un soir de vernissage au C.A.P.C.

* Simon Hantaï, Mariale m.a.2, 1960,
huile sur toile, 278 x 214,5 cm,
 Bordeaux, CAPC, Musée d’art contemporain, don, 1982.





Née en 1978, Marianne Desroziers vit à Bordeaux. Elle écrit nouvelles, poèmes, romans et a publié Lisières (Les Penchants du Roseau, 2012), L'enfance crue (Lunatique, 2014) ), Ma mère en automne (Alpes Vagabondes/Gros Textes, 2017) ainsi que des textes dans de nombreuses revues littéraires. Elle dirige par ailleurs la revue l'Ampoule avec Franck Joannic aux éditions de l'Abat-Jour depuis 2011. Lauréate 2015 de la bourse Aquitaine/ Hesse et de la résidence d'écriture à la Villa Clementine à Wiesbaden, elle a également été lauréate 2016 de la bourse et de la résidence d'écriture attribuées par « La 25e Heure du Livre » / D.R.A.C. Pays de la Loire / Ville du Mans. Son blog : http://mariannedesroziers.blogspot.fr/. Présente dans les n° 6, 20, 21 et 26 de Lichen.

1 commentaire:

  1. J'aime beaucoup "La chair du rêve" qui palpite sous les doigts et s'évapore au petit jour. On dirait presque un oiseau...

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