Léon Pradeau


XXIX Doutes

Quelques doutes sur la fonction de l’épiderme qui se renouvelle sans fin. Matériel temporaire dont on tire peu de profit.
Je récolte les peaux mortes sur le carrelage de mes jours, mes joues et mes murs en sont décorés.
Quelques doutes sur la fonction des ongles trop longs dont j’arrache les bords déformés, qu’ils servent enfin à autre chose qu’à être brisés et coupés, inlassablement.
Ronger la beauté à la corne, ronger-manger.
Quelques doutes sur la notion de longévité, minime, géante — donne un peu ton corps, oui, toi, qu’il soit enfin utile…
J’attends les mutations cosmiques.

J’ai des doutes, est-ce que vous en avez ?









Né en 1997 dans les Deux-Sèvres, Léon Pradeau est aujourd'hui étudiant à Paris. La capitale est désormais le cœur de sa poésie, tendue par un motif récurrent : le déchirement — qu'il ait lieu dans le temps ou dans l'espace — et un remède à rechercher. Ce poème est extrait du recueil Insuffisance centrale, inédit et en recherche d'éditeur. Présent dans les n°s 18 et 22 de Lichen.

2 commentaires:

  1. J'imagine que votre texte est aussi un hommage à la chanson d'Alain Bashung, Le secret des banquises. Merci pour lui.

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. Oui, en effet. Je suis un grand admirateur de Bashung et de cette chanson, ce poème est a la fois un hommage et une sorte de variation personnelle.
      Merci à vous !

      Supprimer