XXX
J’ai dévolu ma vie à la cuisine, plus précisément à l’épluchage
d’oignons.
Ce travail est difficile.
Je parcours, j’entrevois des rideaux et des voiles, ambrés et
translucides ; il est finalement nécessaire de découvrir le cœur de
l’oignon.
À chaque fois, ce combat sensuel me fait pleurer. Oignon et distanciation
sont irréconciliables.
Et les hommes ne veulent pas pleurer… Pourtant oui, pourtant, ils
continuent à déshabiller les oignons.
Né en 1997 dans les Deux-Sèvres, Léon Pradeau est aujourd'hui étudiant à Paris. Très tôt séparé des siens, il a dû faire face à la solitude. Cet éloignement, cette distance des êtres chers est peut-être ce qui oriente sa poésie vers un motif récurrent : le déchirement — qu'il ait lieu dans le temps ou dans l'espace — et un remède à rechercher. Ce poème est extrait du recueil Insuffisance centrale, inédit et en recherche d'éditeur. Présent dans les n°s 18, 22 et 23 de Lichen.
Peut-être parce qu'ils en ont gros sur la patate... :)
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