Sillages
le
temps creuse un chemin — qui toujours se retire / parfois se soulève et
respire, tandis que sur le corps du monde, la peur happe le sillage
incalculable de par son immatérialité silencieuse et durable
alors,
je vacille — au mot qui, sans fixité — telle une plume altérée et fuyante
°
Plus éprouvants que
le silence : ces mots dénués de sens, ces voix sans émotion,
ce rire de
circonstance
Plus douloureux que
la solitude : ces regards sans visage, ces amours sans amour, ces paroles
inutiles, ces verres que nous voulons remplir
Plus cruels que la
souffrance : le bonheur factice, le plaisir sans fin,
la vie sans
lendemain, le chemin sans un but
Plus dangereux que
l'incertitude : les certitudes glorifiées, les chaînes adorées,
les cadres acceptés,
la fatalité des habitudes
Et sans chercher un
mot, trouver le sens, sans chercher l'amour, vivre en lumière,
sans être sûr,
devancer l'impossible, sans certitude, exister
malgré la peur — à travers elle — et s'en faire une amie pour être libre et fort
malgré la peur — à travers elle — et s'en faire une amie pour être libre et fort
tout en restant fragile
Ces poèmes sont extraits de Et ce rien — si
petit, si faillible.
Laure Escudier : « et
ce rien » (encre).
Laure Escudier pratique la poésie, le dessin et la musique
(composition et violon) depuis la petite enfance et s'attache à relier ces trois
disciplines au sein de projets variés (concerts de création, mise en musique de
ses textes, publications de poésies et de dessins, expositions, lectures
poétiques, graphiques et musicales...). Ses textes ont été
publiés, entre autres, aux éditions du Nain qui tousse et dans les
revues L'Intranquille, 17 secondes,Traversées, Méninge,
Incertain regard, Souffles... Son site : http://www.laureescudier.com. Présente dans les n° 11, 14, 15, 16, 20, 21, 22,
25, 26 et 27 de Lichen.
Très beau !
RépondreSupprimerPardon d'être un peu tard. Votre page luisait avec patience et j'ai fini par y revenir :-) J'y lis une recherche nuancée, balancée, exigeante de vérité...Une langue limpide et fine. Et SILLAGES se "lance" par un très bel alexandrin ouvreur de sens. J'aime !
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