J’ai vu le temps
J’ai vu le temps
Me creuser le visage
Avec la lourdeur de l’âge.
J’ai vu le temps
Consumer ma joie
Et faire douter ma foi.
J’ai vu le temps
Changer mes couleurs
En les immergeant de pleurs.
J’ai vu le temps
Pousser au suicide l’espoir
Et ne plus rien nous faire croire.
J’ai vu le temps
Faire huer la vérité
Et le mensonge proclamer.
J’ai vu le temps
Exécuter l’amour
Et la haine aduler dans les cours.
J’ai vu le temps
Changer les fleurs en chardons
Et plus rien n’est ardent.
J’ai vu le temps
Encourager l’orage
À noircir mes pages.
J’ai vu le temps
Partant
En n’ayant plus le temps
De m’écouter,
De m’exaucer.
Kacem Issad est un
poète et écrivain algérien diplômé en sciences économiques. Après un court
passage par le centre d’anthropologie social et culturel (CRASC), il est
aujourd’hui cadre supérieur dans une banque publique. Grand lecteur et épris de
livres d’histoire, d’anthropologie, de roman et de poésie, il décide
de se consacrer à sa plus grande passion : l'écriture — qui lui a été inculquée
par son grand-père paternel. Il a reçu des prix dans divers concours de poésie
et ses poèmes ont été publiés dans des revues littéraires, des sites et des
anthologies poétiques. Il a à son actif plusieurs ouvrages publiés ou en
attente de publication. Présent dans les n°s 18, 19, 23, 24 et 25 de Lichen.
Poème d'une tristesse infiniment touchante.
RépondreSupprimerSe reconnaitre et être reconnu dans le / les autres, même dans une extrême faiblesse, n'est pas infiniment triste, non ? (jugement personnel)
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