La nuit élucidée
Pour Kelig,
Un orateur – Il était
passé maître dans l’art de prononcer de longs discours pour lui-même, les yeux
ouverts dans l’obscurité.
Contre
le ressentiment – « Vos écrits sont encore bien amers. À votre place, je
commencerais par me purger de mon venin ; car qui croyez-vous donc piquer avec votre langue de vipère ? »
Ou : « Je n’aime pas votre manière de juger l’humanité
entière, sans avoir pris la peine de vous considérer vous-même…»
« Il parle tout seul » – « Et
alors ? Il passe des heures et des heures en sa seule compagnie ; à
un moment ou à un autre, il lui faut bien entendre une voix humaine, fût-elle
la sienne… »
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La
nuit élucidée – « Souvent la nuit nous comble de révélations
provisoires ; nous avons le sentiment de parvenir à une vaste
compréhension, non de nous-mêmes – car pour cela, le jour suffit –, mais du
malheur commun et de ce qui agit les hommes… Et s’il n’était pas trois heures
du matin, nous lancerions sans doute un éclatant Eurêka ! Hélas, à chaque
fois, ces rapides éclairs de compréhension et les élans de joie qui les
accompagnent, s’achèvent dans l’ironie et la dérision d’un sommeil de brute, qui les engloutit… »
« Au cœur de la nuit » – « Quelques
mots qui ne veulent rien dire ; car la nuit n’a ni « cœur », ni
« profondeur » : la nuit n’est que le temps tel qu’en lui-même,
le temps nu – Expérience éprouvante, souvent douloureuse… »
Ou :
« Je comprends fort bien tous ceux, dont moi, qui ne supportent pas la
nuit et n’ont d’autre but que de l’habiter artificiellement ou de la traverser
à vive allure, au gré de l’ivresse…»
Sans
trace d’ironie – « Ces nuits, nous les avons vécues jusqu’au bout et
intensément. Nous étions là, avec des amis, et la conversation nous portait,
nous passionnait. Nous avons beaucoup ri, et parfois au fil de la conversation,
nous nous sommes livrés, plus que nous l’aurions voulu… Mais quelle
importance ? Nous étions vivants et nous ne voulions surtout pas
dormir… »
Né à Nancy en 1973, Frédéric Perrot vit près de Strasbourg. Présent dans les n°s 7, 10, 12, 14, 15, 17, 18 et 19 de Lichen.
La nuit ouvre à ces autres dimensions de soi-même, espace volontiers halluciné. Vous rendez bien ce "dérèglement" de la raison dans les alcools de la nuit, avant que le jour nous plaque sur le sol rugueux de la réalité. La poésie est là, dans cet état second, entre veille et sommeil, ce sentiment de vie qui se surpasse. Vos mots veulent dire, eux, et le disent bien.
RépondreSupprimerMichel Diaz
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RépondreSupprimerMerci pour votre commentaire, auquel je n'ai rien à ajouter. Merci
RépondreSupprimerCommentaire de Guy Lebressan : Très intéressant et original. J'aime beaucoup. Une très belle écriture.
RépondreSupprimerMerci pour votre commentaire, qui après une longue journée de travail, où presque rien n'a été élucidé, tombe à pic! Merci.
RépondreSupprimerOui, c'est très bon. Oh, il pourrait y avoir des dizaines de choses à écrire avant d'approcher un tant soit peu l'élucidation de la nuit. Olivier
RépondreSupprimerMerci pour votre commentaire. Vous avez raison ! La tentative d'élucidation n'est jamais terminée, elle se poursuit. Merci à vous.
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