Colette Daviles-Estinès


Carrément matin


Un carré de fenêtre dans un carré de plâtre
un carré de verre dans le carré de fenêtre
un carré de lumière dans le carré de verre
Le vent apporte de très loin
des tranches de silence
qu’un bûcheron tronçonne

°

Excusez du trop


Déshabiter les mots
je n’ai pas l’habitude
ça me tait
Ces mots sous ma peau
ces verbes de bois brut
à fouiller sous la cendre 
avec un tisonnier – de colère, pourquoi pas –
Phrases de silence à peine écorcé
Excusez du trop
Souffler sur la braise 
ne pas laisser s’éteindre le feu
À mots couvants
écouter brasiller le poème







Née au Vietnam, grandie en Afrique, Colette Daviles-Estinès a été longtemps paysanne. Elle puise son inspiration dans un sentiment de perpétuel exil. Nombre de ses textes ont été publiés dans des revues telles La Barbacane, Le Capital des Mots, Un certain regard, Revue 17 secondes, Ce qui reste, Le Journal des poètes, Écrit(s) du Nord, Nouveaux délits, Verso.... Voir son site : http://voletsouvers.ovh. Après un premier recueil de poésie (Allant vers et autres escales, l’Aigrette, 2016), un second (L'Or saisons) verra le jour au mois de mai 2018 aux excellentes éditions Tipaza, avec des reproductions d'œuvres du peintre Philippe Croq (http://www.philippe-croq.com/). Présente dans tous les n° de Lichen depuis l’origine.

7 commentaires:

  1. Un polygone de mots qui dans vos pages clignent ;-))

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  2. Je m'immisce entre tes mots, Colette, je m'étire vers chacun, je les ouvre, je les habite. Ils m'élèvent.
    Merci !

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  3. J'adooore ! Ils vous habitent à merveille !

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  4. Moi aussi, "ça me tait"; alors j'dis rien mais je n'en pense pas moins...

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  5. C'est court, c'est simple, c'est beau. S Marty

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  6. Encore un carré d'immensité! Superbe.

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