Portrait de l’« artiste »
en viande rance
Y’aurait de la barbaque.
Ambiance rouge sang. Pire qu’une boucherie, de la viandalerie avec odeurs, couleurs, formes et gore, morceaux d’abats
et hémoglobines. Tout ça entre horreur, erreur et écœurement.
Mon corps-Moi y serait exposé
sur des crochets de boucher. Corps sans fard, simple, trivial, humain. J’y
serais vraie. Réalité toute nue à la manière d’un Bacon déformé. Poussée.
Extrême. Et vous, lecteur, y porteriez un regard sans complaisance. Sans
possibilité de divertissement. Regard horrifié. Aussi moche qu’en vrai. Le beau
m’écœure.
Mon âme serait aussi donnée en
pâture pour l’ultime curée. Manque, petitesse, rage, colère, non-dit… tout cela
étalé comme un attroupement de mouches autour de la viande rouge. Ca sent. Ca suinte. Ca pue la mort et le
désespoir.
Pourquoi imposer ça ? Pas
de voyeurisme dans ma visée. Juste pour une leçon d’humilité. A moi. A vous. Je
veux donner un champ de valeur à ce qui est inexistant. Au petit. Au sale. Au
laid. Un ISBN au non-répertorié. Mon discours n’a rien d’universel. Je nais
seule. Je vis seule. Je meurs seule et c’est si dur de s’aimer !
Bénédicte Bonnet est encore très amatrice en poésie mais
très attirée par cette forme courte et condensée, brute et ramassée. Elle aime
le baroque, ce qui bouleverse et ce qui tourmente. Elle est cette pierre très
irrégulière qui ne demande pas à être taillée mais qui picote sans cesse. Ce
texte est extrait du recueil Vanités
(inédit). C'est sa première apparition dans Lichen.
Cet hyperdégueulbif marque des points (de non-suture, de dégoulinage immersif... )c'est sûr, et dans le sens que vous revendiquez. Pourtant votre maîtrise remarquable dans l'exposé... de l'exposition me pousse à la réflexion, m'interroge. En particulier sur ce qu'elle dit de la constatation de la dernière ligne.
RépondreSupprimerL'usage de la langue (son recours ?) ne borne-t-il pas le désabusement ?
Merci pour ce texte fort et beau. Il attrape, il cogne (ici au sens strict de "contondance" !), il fait penser.
Miam, un poème tartare :-)
RépondreSupprimerUne vanité crue et contemporaine où la mort triomphe toujours pour l'instant... J'y vois le Bœuf écorché de Rembrandt et la peinture de Francis Bacon...
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