Augustin Kinguse


Les enfers brûlants de la terre

Vois-tu Immaculée,
Hier l'abbé nous a aspergés
De sa douce eau divinisée.
Hier nous étions en pleine messe,
Quand, nos danses et chants s'unissant,
En sonnaient les échos sur le toit de la paroisse.
Maintenant que la messe est finie,
Chacun prépare * sa machette derrière son dos :
Après la sécession tribale, voilà le génocide.
Le soleil est pâle, panique et dramatise,
Les vents de haine soufflent du Nord
Passant par les naines âmes au Sud.
Y-a-t-il une raison pour un cataclysme tribal ?
Nos valeurs tombent-elles vers l'infernal ?
Vois-tu, Ô Immaculée, cette longue rivière,
Des trépassés traînent entre les gencives des vautours.
Mais vois-tu cette rivière de sang d'une région entière ?
Les roses ont fané sur une terre sanguinaire et amère,
Des légumes jaunâtres se teintent d'un sérum coagulant.
Vois-tu, Immaculé, vois-tu ce pays de sang et de violence ?
Ce pays où le droit et la liberté sont des chimères pour la masse.
La terre où les bottes d'enfants soldats tracent de tristes empreintes,
Des enfants privés de leur dignité pour une randonnée dans la rébellion.
La terre où les pagnes blancs des femmes maculées de sang et de pleurs.
Vois-tu, Immaculée, vois-tu cette Afrique sommée par des règnes de violences ?
Des politiques suicidaires visant de tristes citoyens ordinaires innocents.









Augustin Kinguse est un jeune auteur congolais de 22 ans. Il vit à Goma (République Démocratique du Congo), où sa passion pour l'écriture — surtout la poésie — lui a forgé une grande vocation d'une poésie réaliste et pacifiste. Il a déjà autoédité deux recueils de poèmes, qu'il donne à des écoles de son pays. Il cherche à développer des relations avec des poètes d'Europe et du monde. C'est sa première apparition dans Lichen.

1 commentaire:

  1. Elle viendra la paix parce qu'elle est en toi. (Je m'autorise le tu, trois fois tes ans dans ma besace) Le chemin est long, c'est en marchant qu'on le construit. Tu le sais bien, en brousse, bien qu'il n'y ait que peu d'obstacles, le sentier ne va jamais tout droit. Je comprends ton impatience, remercie le ciel, celui qui te convient, de t'avoir ouvert à la poésie. Tu l'offres aux enfants de ton pays, c'est sûrement la bonne voie. N'oublie pas de pleurer pour laver tes yeux de toutes ces horreurs.

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