Ahmed Réza Ahmédi


Adieu céruléen

Enfin un jour
je te dirai un adieu céruléen
je sais qu’un jour tu me demanderas :
comment se fait-il que l’adieu soit coloré ?
et de couleur céruléenne en fait
pour toute réponse
je ferme les yeux
l’année que nous passâmes
n’était pas seulement de 365 jours
les vendredis doivent compter double
il faut mettre les calendriers sous la lumière du soleil
pour qu’ils perdent leurs couleurs.

°

Les lettres

Les lettres me forgèrent
mais
détruisirent mon logis
tous les matins
à l’aube
je voyais
les lettres 
aller au jardin passant devant notre fenêtre
tous les midis
à l’heure du repas
je les voyais 
derrière les vitres
regagner leur maison
faibles et rompues
tous les soirs
je voyais derrière les vitres
les jardiniers 
porter au jardin
leurs cadavres
pour les ensevelir.







Ahmed Réza Ahmédi est né le 20 mai 1940 à Kerman (Iran). Il était l’un des fondateurs d'un groupe littéraire qui avait pour but de défendre la nouvelle vague. Il a commencé à travailler en 1970 pour le centre du développement intellectuel des enfants et des adolescents. Il en a été, jusqu’en 1979, le directeur de la production musicale. Il s’occupait, depuis cette date et jusqu’à sa retraite en 1994, de la correction des manuscrits aux éditions de ce centre. Il a reçu en 1999 le « prix du crayon volant » de la part du centre du développement intellectuel des enfants et des adolescents ; a remporté en 2006  le prix de poésie de Bizhan Djalali ; et a été candidat en 2009 au prix de Hans Christian Andersen. Traduit par Babak Sadeq Khanjani. C'est sa première apparition dans Lichen.

4 commentaires:

  1. Mystérieux, riche de paradoxes stimulants pour le rêve du lecteur.

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  2. Entre le bleu de l'adieu et le vivant des lettres à la mort pourtant assurée, quelque chose me touche au plus profond, qui parle au delà des mots eux-mêmes. heureuse de vous découvrir ici, et bienvenue dans Lichen.

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  3. J'ai vu vos lettres gambader sous le rayon de lune. Elles sont farceuses et toutes enjouées. Je les ai beaucoup aimées. Merci.

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  4. L’art de voir par la fenêtre ce que les autres ne voient pas

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