Corporalité
Tes yeux sont onctueux, oui.
Ils sont tout à fait idoines pour un distrait comme
moi ;
Pour un rêveur étourdi.
Ton souffle est pareil à une embuscade.
Il enveloppe ma carcasse, cicatrise mes sanies,
Mes angoisses en fine cascade.
Tes hanches sont délicieuses,
Participent à mes allures de cavalier solitaire,
À mes rêveries audacieuses.
Tes seins sont extrêmement sucrés.
Ils se dressent un peu masqués pour mieux prendre
connaissance
De mes peurs dilatées.
Ton cœur est tout en transparence.
Il ne luit qu’à la nuit noire ; est indissociable
Des bourrasques de véhémence.
Ton sang est une mer rouge authentique ;
Fluide et coulant le long de mes terribles colères,
Sur mes passés horrifiques.
Ta voix est un géant prisme jaune feu.
Elle a le goût du miel ambré,
Consent à un empire heureux.
Ta nuque est une vraie mine aurifère,
Révèle l’intégralité de mes mondes possibles,
Mes libertés en jachère.
Les
textes de Valentin Gonnet explorent la création comme espace « hors
champ » et la nécessité de s’extraire du monde pour mieux écrire dessus.
Auteur de plusieurs recueils, dont Volvation et D’un
autre langage, il a 28 ans et travaille actuellement à l’écriture de son
premier roman. Ayant commencé à écrire pour la musique, l’auteur aborde à
travers ses poèmes en vers ou en prose les thèmes du repli sur soi,
du cosmos et de l’intériorité du corps (qu’il nomme corps-organe, comme continuation
de la théorie d’Antonin Artaud). Présent dans les n° 23, 24, 25, 26 et 28 de
Lichen.
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