Les Céphéides
(extraits)
Je sonne. Elle ne
répond pas. Après avoir glissé son foulard à fleurs bleues et roses dans la boîte
aux lettres, la nuit sort, je rentre. Le lendemain le soleil est un grand
fauve. J'entends l'absence de la pluie ne plus faire chanter les toits.
Depuis que nous
dormons ensemble, ma solitude et moi, je tremble autrement.
Or,
par instants, la si simple pensée de ne vouloir rien me donne tout.
Et je vois très bien
la robe cassée en deux, sur un dossier de chaise. L'enfant, c'est-à-dire
l'œuvre de chair. Né de deux corps. Appelé à mourir en un seul. L'ignore-t-il,
l'enfant ?
Maintenant je
voudrais qu'elle se souvienne du jour où elle a pris la petite fille qu'elle a
été dans ses bras — de ses fines larmes d'or chaud de l'avoir fait.
Les mains blanches de
l'écume qui s'enchaînaient à nos chevilles. La mer au jour d'hier, reine
neutre, avec ses suivantes les vagues, et le silence est mon frère.
Le
ciel cherchant une vallée comme une joue où pleurer.
C'est
la solitude les jours de kermesse.
Nicolas Jaen réside à Toulon, où il est né en 1981. Livres publiés
(entre autres) : La nuit
refermée (L'arachnoïde), Les
éblouis, roman (MLD), À port
de temps (collectif), Ce
chant éloigné, Coquelicot,
autoportrait froissé et Livre noir (tous 3 à l'Atelier des Grames).
Présent dans les n° 10, 22, 23 et
24 de Lichen.
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