Pierre de Rosette (2)
Une nuit, je t'aurais dit les mots les plus beaux.
Que la mer est immense. Que les danseurs ne s'arrêteront pas de danser – les
chanteuses de chanter. Enfants du cœur. De la pluie roide. Et l'oiseau emporte
sa cage d'os en s'envolant.
Que veux-tu, doux merle ? Tu te moques,
n'est-ce pas ? Ne te moque pas longtemps : pour une poignée de bleu,
que ne ferais-tu pas ?
L'épure. Le squelette.
Va, petite vie. La mienne. J'ai lié mes doigts aux
tiens. Lié ma vie au chant clairet de ton vin. Va noyer ta chemise.
La sueur le sang et l'urine.
La lumière a joui sur ton visage. Elle a trouvé la
nuit de tes yeux. Je dis Joie. Je pourrais dire éventail : nuit et jour
dans la mêlée. Je démêle tes cheveux sur ta nuque. Je te fais des anglaises et
vais vendre mon âme à ton corps qui se refuse ; ce ne sera ni toi ni moi –
mais le son de cloche de deux corps qui, d'écho en écho s'entrechoquent à perte
d'oreille. Et ce corps qui casse, qui sait ployer. Sous la force. Le murmure
des forêts.
Un mur me sépare. J'égraine. La rose des vents la
pierre de rosette. Pétales s'envolent au vent.
La mort murmure par la bouche du vent.
Nicolas Jaen réside à Toulon, où il est né en 1981. Livres publiés (entre autres) : La nuit refermée (L'arachnoïde), Les éblouis, roman (MLD), À port de temps (collectif), Ce chant éloigné, Coquelicot, autoportrait froissé et Livre noir (tous 3 à l'Atelier des Grames). Présent dans les n° 10, 22, 23, 24, 26, 27, 28 et 29 de Lichen.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire