L’Atelier du don de mots

 

Les textes obtenus avec les mots donnés

 

Pour ce premier numéro de 2021, 38 mots (ou expressions) ont été récoltés, donnés par 22 lectrices et lecteurs et six contributions sont venues conforter la mienne. Grands mercis ! (G. de P.)

 

Sans falaise

Il y avait furieusement de l'envie de voyage dans l'air. Je pris les devants en proposant Paimpol. Mes hirsutes adelphes manquant autant de pognon que d'idées d'ordinaire, j'étais sûr de mon coup. C'était compter sans la sororité. Je me voyais déjà larmoyant nostalgiquement parmi les azaléesdévoré par le souvenir des entrechats d'une paimpolaise. Débarrassée de ses oripeaux, ne gardant que ses babouches, elle m'avait offert, sans nuance, toute la marchandise. Par ici la bonne soupe ! Fais pas ton cabotin mon gars, reste pas engoncé, là, comme un ahuri. Joue-lui l'escarpolette avant qu'elle ne tempête et t'abreuve d'immondices, qu'elle ne vitupère, sombrant dans l'aride décompensation psychotique et la tristesse de la résignation qui peut conduire aux brumes de la vengeance. Comme je lui susurre qu'elle est plus belle qu'une majolique, un vide momentané voit son regard passer du carbone au bleu safran, m'assurant qu'elle apprécie l'annonce à visée apotropaïque, la halant du bon côté des choses. 

(Éric Cuissard) 

 

(sans titre)

Un ahuri ordinaire balance, larmoyant, entre tristesse et résignation.

Un cabotin hirsutedévoré d’ambition, vitupère furieusement les ahuris, leurs babouches, leurs escarpolettes.

Un dandy, engoncé dans sa peau et ses oripeaux aux nuances subtiles de safran, d’azaléeshalant deux sapsalis — des adelphes—, soupire. Il craint les cris de la concierge « par ici la bonne soupe, la bonne sou-soupe » ! Ses chiens ne mangent que dans la majolique.

Reste le propriétaire de l’entresol, insensible au carbone et aux immondices, il  prend les devants, sourire apotropaïque au meneur de chiens. On ne se fâche avec personne quand on est dans la marchandise. Ma grand-mère disait : « Mi, j’suis d’commerce » et l’empereur Vespasien : « Le pognon n’a pas d’odeur ».

(Annie Hupé)

 

Apotropaïque

La tristesse à Paimpol engonçait l’ordinaire

en oripeaux de brume halant des larmoyants,

mais la résignation ne prit pas les devants :

plutôt furieusement que nostalgiquement,

on tempêta contre la pas si bonne soupe

par ici dévorée. Puis l’on vitupéra

les décompensations – d’ailleurs avec nuance,

et le reste ahuri n’était jamais qu’annonce :

azalées ès carboneentrechats pour babouches,

hirsutes cabotins d’immondice à pognon...

(Cl. G. Second)

 

Saut en Bretagne

Mon pimpant Paimpol

Petit port engoncé

Dans la Manche

Cabotin hirsute

Toujours à tempêter

Tes nuancesde brume,

Par ici la bonne soupe

Au safran peu ordinaire

Furieusement dévorée

Dans sa majolique

Apotropaïque

Près des dragueurs halés

Et leur filet adelphe.

(Hélène Py)

 

Annonce aux larmoyants

Par ici la bonne soupe

2021 sera servie dans de la majolique

Il y a du pognon à faire dans le safran, les azalées,

le marché du carbone et mille autres marchandises

 

Mais ne vaut-il pas mieux être apotropaïque

Cultiver la sororité ou la fraternité adelphe

Pour s’épargner la décompensation, conjurer la tristesse

et la résignation, ou les brumes de vengeance

 

À nous de prendre les devants abandonnant 

le cabotin, l’hirsute, le dévoré, l’ahuri,

nos oripeaux et nos immondices

Allons-y sur la pointe des babouches

 

Non pas furieusement ou nostalgiquement

mais en tentant l’entrechat et ses nuances

Inutile de tempêter, de vitupérer

Engoncé sur l’escarpolette

 

À Paimpol on peut haler sur les grèves

L’aride et l’ordinaire et le momentané

(BMB)

 

Décompensation

Dimanche,

Entrechats

Sur la digue de Paimpol,

Nostalgiquement.

 

« Adelphe, pas Adolphe »,

Ai-je vitupéréhirsute,

À celle qui me menottait, furieusement

Et sans aucune sororité.

 

Engoncé dans la tristesse

Mon ordinaire larmoyant

Ne voulait plus 

Prendre les devants.

 

Alors j’ai vu l’annonce :

Une immondice de papier

Fixé à une escarpolette

Se balançant dans la brume.

 

Avec mes plus beaux oripeaux et mes babouches

Je suis allée m’offrir,

Marchandise momentanée,

À cet ahuri qui m’a dévorée.

 

« Par ici la bonne soupe »

A-t-il dit, en sortant son pognon,

Sa porche décapotable

Défiant la loi carbone.

 

Furieusement, j’ai tempêté,

Mais l’odieux avait déjà halé son coup

Et il ne me restait qu’une aride résignation

À transformer en vengeance.

 

J’avais toujours entendu

Que les azalées safrans

Sont apotropaïques.

J’en fis manger au cabotin dans une assiette en majolique.

 

Il mourut.

 

Dimanche, 

Entrechats

Sur la digue de Paimpol,

Nostalgiquement.

Nuance !

(Gaëlle Moneuze)


Sans titre

Ahuri, hirsutedévoré par la vengeance, un homme vitupère furieusement, sans nuance, contre cette immondice adelphe qui se dit son frère. Celui-ci ramène tout à une marchandise, au pognon, par décompensation à une larmoyante annonce : il n’héritera pas des majoliques mais d’ordinaires oripeaux où s’engoncer

Notre homme, après avoir tempêtéprend les devants, et sans souci du momentané bilan carbone, se lance dans un voyage apotropaïque : Paimpol et ses arides falaises virtuelles !

Nostalgiquement la brume semble haler des azalées

Fini la tristesse, pas de résignation, vive la sororité, la fraternité, l’amitié !

Tel un cabotin en babouche, il fait des entrechats sur l’escarpolette.

On le hèle : « Par ici la bonne soupe ! Au safran ! »

(Anaïk Simon)

 

Vengeances tardives

Hirsute et ahuri, le cabotin nostalgiquement 

tempêtait : « Par ici la bonne soupe au safran!

D'ordinaire privé de pognon, moi je prends les devants ! »,

vitupérait-il avec tristesse et furieusement.

 

Tout larmoyant et dévoré de résignation,

il tentait, en manière de décompensation,

des entrechats en babouche sur l'escarpol

-ette, parmi les azalées pimpantes de Paimpol.

 

Puis, engoncé sous les immondices et les oripeaux

de marchandises riches en carbonesur un traîneau

il hala lourdement des morceaux de majolique,

dans une brume aride aux nuances apotropaïques.

 

Enfin, à l'annonce de la visite de son adelphe sororité,

dont il connaît l'avarice jamais momentanée,

il soupira : « Par ici la bonne soupe au safran !

D'ordinaire privé de pognon, moi je prends les devants ! »

(G. de P.)

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