par Xavier Monloubou (xavier.monloubou@gmail.com)
Plutôt que d'adresser
un commentaire sur la page de chaque auteur, Xavier envoie un ensemble de
petites notes poétiques, en « réponse » aux textes lus dans le dernier Lichen (n° 30, octobre 2018).
1- …à Jean-Marc Baholet : « la
grande d’âme d’hier au jardin de sel
de Guérande. la nuit de l’innocence. elle fixe la couleur au soleil en robe du
soir. lui colle un « r » à chaque rayon. le cri nourrisson. il faut
la voix®. ponctuer du ciel. boire l’eaujourd’huie.
étendre la craie céleste. retenir
la part réelle de ton souvenir. briser le pain. et vouloir l’être
vivant ».
2- …à Kévin Balouin : « son aile se plie et se déplie. au-dessus des
crêtes d’eau. l’oiseau navigue. l’œil contre le trait plat de l’horizon de la
mer toute défaite ».
3- …à Antoine Bargel : « il cite
l’oiseau avaleur de lumière. et le monde s’écrie comme un éclat d’obus sur
l’obscur ».
4- … à Jean Pierre Bars : « elle
aime le bleu. l’épaule souple de la mer. une robe de bain sur son dos ».
5- … à Dominique Bergougnoux : « les
dorures du ciel. à moitié sur le dos de l’abeille ».
6- …à Isabelle Bidet : « la grue
jaune sur l’île de Nantes. les marches blanches étincelantes. comme un jouet.
les lueurs matinales. les grandes portes rouges de l’église comme des jambes
lourdes ».
7- …à Kate Bise de Ruine :
« définir l’œil et le cœur. comme l’extérieur et l’intérieur ».
8- …à Romain Blandiaux : « son jeu
de plumes nous enveloppe. son aile dans l’édredon de soie. le bruissement des
cieux à l’épuisement de l’air ».
9- …à Marianne Braux : « un paysage
céleste visible. dans un sac de larmes ».
10- … à René Chabrière : « suivre
cette soie qui voltige au bout des doigts. pour trouver le chemin des
sûrs ».
11- …à Sébastien Cochinard : « il
pleut. le long de tes cheveux blonds. avec les courbures étincelantes de la
nuit ».
12- … à Eric Cuissard : « elle
passe. d’un coup d’aile. le coude en l’air. à la hauteur des voies. pour
laisser passer les oiseaux devant. la voix ».
13- …à Nicolas Cvetko : « tenir
l’aile décousue du vent. aimer son être mal réveillé. le garder un peu avec la
chaleur du rêve. s’envoler d’un pas. au battement d’un cil ».
14- … à Colette Daviles-Estinès : « les
lettres éparpillées du paysage. le fil d’or du ciel échoué sur la plage ».
15 – … à Thierry Delhourme : « le rein
vert pincé des montagnes. l’allure du ciel retouché du doigt ».
16 – … à Marine Dussarat : « réduit
d’un regard. le cœur mêlé à la pluie. la trace et son bruit d’aile
égarée ».
17- …à Mokhtar El Amraoui :
« mesurer l’écart entre le sol et le ciel. la voie d’une lettre à l’autre.
i
et e, il
et elle. au soleil ».
18- … à Roseline Fierens : « le
sourire grand et large. accroché à tes nuages. par des fils de soie.
l’allégresse du vent. à la pointe de Quiberon ».
19 – … à Robert Garcia : « le souvenir
tisse sa chose nouvelle. son enfance. toujours proche de la maison
éternelle ».
20- … à Rodolphe Gauthier :
« l’enfant est agile. son pied bruisse avec la vague. ramasse la feuille
d’automne qui roucoule à voix basse. »
21 – … à Annabelle Gral : « elle
soulève la mer. d’un applaudissement sous l’eau ». (Souvenir d’Etel)
22- …à Nicolas Jaen : « on vient
reposer nos ailes après la migration. déposer cette fleur qui poussait dans nos
mains sans graine. ce sourire du vent déchiré ».
23 – … à Antoine Janot : « il forme le
nuage. le pétrit dans le sable mou. courbe l’arbre et l’œuf. envoie graines et
oiseaux se poser ailleurs. il respire l’âme et l’esprit saint ».
24 - … à Eric Jaumier : « le verbe
plissé sous les yeux. paysage sans ponctuation. roche brute sans artisan. le
pleur achevé ».
25- … à Auguste Kinguse : « des pages
qui s’écrivent d’une oreille à l’autre sur le visage de Jean. d’un regard au
tien. un nuage crevé sur un arbre. une ville échouée ».
26 - … à Fabrice Lacroix : « sa main enlace
le fil d’or. la rêne d’un cheval au galop. et le rayon arqué du nuage ».
27- … à Robert Latxague : « il manque
la ride au squelette. le mot et le relief au continent nouveau. le rivage de
loin en loin. les autres ».
28 - … à Véronique Lévy Scheimann : «
l’ombre et l’agréable miel. la main posée sur la roche enroulée. la ville comme
un bouquet de pierres ».
29 - … à Victoire Mandonnaud : « à
fleur de peau. perché dans l’Eden rasé. pour s’être trop appuyé. avec le feu de
l’aile irisée. son œil déployé. étirant de l’arc en ciel. cette fleur, pleine,
couve les roches. de ses pétales éparpillés ».
30 - … à Margueritte C. : « elle est
quelque part à Etretat. avec l’eau et le bois encore arbre. avec la craie et le
fusain de la rive saillante comme un quai ».
31- … à Samuel Martin-Boche : « le
poète suit la main de plumes qui l’a couvé. et l’ange reviendra après l’avoir
façonné ».
32- … à Fabrice Marzuolo : « il
dévisage l’impossible torse de l’anathème. menace du couteau l’éclair. bat l’enclume
dans l’appel à l’aide d’un foudroyé ».
33 - … à Marc Meyer : « novembre
s’approche. froid et sauvage. le poing serré dans la poche. un galop sur la
plage nous avertit. la marée sautille soudain sur la baie ».
34 - … à Adeline Miermont-Giustinati :
« agiter le pied pour marcher sur l’eau. s’effacer au loin sur un bateau.
tourner la page à l’horizon. un origami entre le doigt des nuages. pour
déshabiller l’eau ».
35 - … à Philippe Minne : « d’un air
retourné de cygne noir. se serrer dans le coin de l’œil blanc. là de lune
assoupie. écoulée dans un repli de reflet ».
36 - … à Denis Moreau : « marcher.
frapper l’aiguille et réorienter le nord. le ventre vide mais la besace pleine
d’étoiles ».
37 - … à Natacha Est Gauchère :
« empoigner la fumée d’automne dans un buvard d’écolier. tracer avec son
fusain le haricot sauvage. l’enfant du ciel s’échappe avec Jean par la tige
d’un mouchoir ».
38 - … à Anouch Paré : « je reconnais
le galop proche. à l’horizon traçant. à bonne allure. le paysage étalon. la
pâques géante ».
39 - … à Joëlle Pétillot : « un ban de
sable me soulève. le bateau s’accroche. un poisson passe. l’île discrète
apparaît ».
40 - … à Eric Pouyet : « vous répondre
par image. mais ai - je un oiseau en cage ? un souvenir. l’hirondelle qui
retient son bras à la gouttière du collège (d’arveyres) et l’accent du cygne
noir qui embrasse le lac d’Annecy. le colibri qui fait le grand écart en
banlieue de Brasilia et le tuyouyouille
avec son air de geôlier au Pantanal. on en ®parle à la Capitainerie (à
Vannes)… ».
41 - … à Emmanuelle Rabu : « la
brûlure lente de l’arbre. dans la retenue de sa senteur. un rivage fait
d’ailleurs ».
42 - … à Florentine Rey : « retenir le
mot. avec la bride sèche d’un regard sur le caillou ».
43 - … à Fréderic Roussel : « Il a le
cœur qui bat avec la parole du galop. le leste des vagues. la mouette
enchantée ».
44 - … à Fabien Sanchez : « c’est
devant la mouche que l’hirondelle tigre griffe la branche et laisse pisser la
sève blanche ».
45 - … à Anaïs Varlet : « il bat des
ailes comme des parenthèses, tisse le vent avec ses doigts d’épine. passant
d’une île à l’autre. puits d‘encre de mer. en suspension ».
46 - … à Christian Verdier : « le
rouge en noir. le murmure dans la peau discrète. un reflet à bout de bras.
l’âme penchée. et s’entendre vivre et mourir ».
47 - … à Patrick Quillier :
« l’enfance et l’odeur des bois. la sève incalculable des premiers regards
sur le monde. à 06h00 avec le soleil qui drape l’horizon de sa coulée (souvenir
de Brasilia). un cheval qui hennit dans ma main. le souffle et le cri de mon
vélo. l’humeur d’être joyeux. les doigts croisés dans l’insouciante prière.
faire l’aumône et éviter de trop penser ».
48 - … à Colette Daviles-Estinès :
« convenir et distinguer ce qui vous électrise en lisant. et s’arrêter
d’écrire pour vivre. avec ce qui a manqué au vivant ».
Merci Xavier Monloubou pour ces très beaux échos multipliés *******
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RépondreSupprimerLes ailes égarées, trempées de l'oiseau, soumis aux lunes et aux marées ramènent toujours le poète à sa source, inépuisable, que dilue le temps...
Merci pour ces quelques mots Xavier
Marine Dussarrat
Saisissants commentaires ! Merci ...
RépondreSupprimerGrand et beau travail de lecture, en effet. Mais il est difficile de jongler d'ici aux archives pour appréhender la pertinence du miroir. Pour ma part je lis tous les commentaires même et surtout si je n'en ai pas fait moi même, parce qu'ils peuvent m'aider à entrer dans un monde jusque là interdit à ma sensibilité. Votre regard est un bouquet de roses pour ÉLISÉE (Je crois cependant qu'une bonne bouteille lui ferait autant plaisir), merci pour lui, donc.
RépondreSupprimerMerci Eric pour la bonne bouteille ! Elle vient de Reims ? On la boira ensemble ! Plop ! Elisée.
RépondreSupprimerLa relecture en petites brèves poétiques est très inspirée, joie de les lire, de les relire. Juste beau. Merci à vous. Marie Natanson.
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