Vincent Galois


La lune

La lune miaule sous ma fenêtre. J'ai disposé une coupelle avec du lait, à son intention. Elle s'étire jusqu'ici. Une partie d'elle se reflète dans la vitre et sa lumière se vaporise dans un brouillard de givre. Elle sait comment s'y prendre, et je vois qu'elle s'approche du lait par les interstices. Elle avance timidement, avec pourtant une énergie folle que je peux sentir. Une force douce, retenue. Puissance et beauté sont les deux phares de mon véhicule émotionnel.


Grenier clochard

Je suis allé dans mon grenier
enfin, la pièce de l'appartement 
où j'entrepose des choses
difficiles à oublier
j'ai ouvert des cartons
avec d'autres cartons dedans
je me suis pensé un instant 
capable de faire le tri
et puis j'ai tout jeté
un clochard ne garde pas ses bouteilles vides
c'est ce qu'elles lui apportent quand elles sont pleines
qui fait sa vie





Anonyme, Vincent Galois a 43 ans, années qu'il a passées à essayer de mener la vie de M. Toulemonde, en s'aidant de beaucoup de livres, de musique, pour tenir le coup. Il écrit suite à une explosion intérieure, difficile à contenir, une espèce de big bangprivé, permanent... Tant qu'il réagit, il est en vie. C'est sa première apparition dansLichen.

1 commentaire:

  1. Très beau. Chez mes parents, quand j'étais petite, le grenier s'appelait le fourre-tout. Qu'est-ce que c'est devenu quand ils se sont séparés ? Et chez ma mère c'était partout fourre-tout. Quand elle est entrée en EHPAD, nous avons engagé un "débarasseur de maison" pour tout emporter. Quelqu'un peut-être trouvera sur une brocante, des photos ou des lettres, des cahiers d'écoliers au milieu des vieux calendriers, des ustensiles ménagers dépareillés, qui sait ? Mieux vaut en effet tout jeter. Annie

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