Nocturne II
[très lentement]
Dansons.
Dansons jusqu’à l’aube. Traînons des pieds je t’en prie.
Rien n’est de trop juste nos ombres. Elles s’écartent, se replient.
Se distinguent d’elles-même. Éparses, distendues.
Elles flottent. Se retirent.
L’aurore au bout des mains. L’or à mi-chemin, entre détours et fuite.
Il n’y a rien de plus.
Juste des aboiements, des cris.
L’écume de nos gestes est presque transparente.
C’est la nuit.
*
[Brusquement]
Sphères mouvantes obligent. Tracés de craie affligent. Tournoiements.
Les moindres faits et gestes. Caresses de soupirs. Au tournant.
Des masses me capturent, dans des coins sur les murs, là. Ici.
Il n’y a rien de plus.
C’est la nuit.
*
[Lent à nouveau]
Plus loin ce n’est que pacotille. Hurlements jusqu’à la pléthore. Individus soudains qui s’octroient le chemin. Oh !
Rions de tout savoir. Flottons en balançoire. J’achève en un soupir.
Poursuivons ça de suite.
Il n’y a rien de plus à dire.
Les textes de Valentin Gonnet explorent la création comme espace « hors champ » et la nécessité de s’extraire du monde pour mieux écrire dessus. Auteur de plusieurs recueils, dont Volvation et D’un autre langage, il a 28 ans et travaille actuellement à l’écriture de son premier roman. Ayant commencé à écrire pour la musique, l’auteur aborde à travers ses poèmes en vers ou en prose les thèmes du repli sur soi, du cosmos et de l’intériorité du corps (qu’il nomme corps-organe, comme continuation de la théorie d’Antonin Artaud). Présent dans les n° 23, 24, 25, 26, 28, 29 et 31 de Lichen.
Un poème très original où se côtoient géométrie et ombres à la limite du palpable.
RépondreSupprimerJ'irai lire les autres poèmes de cet auteur avec un grand intérêt.
"Traînons des pieds je t’en prie.
Rien n’est de trop juste nos ombres. Elles s’écartent, se replient.
Se distinguent d’elles-même. Éparses, distendues.
Elles flottent. Se retirent. "