Sylvie Franceus


Humidité

Il a dit
Quand t’es là, Marta
Bien calée à croupetons au creux de ma carcasse
Tu emmarmelardes tout de tes iris lacés sans semelles mais bleus
Et tes rétines, tapisseries ou tentures, je ne sais pas
Frêles membranes si bien rangées sous le rectangle de ta frange
Font des silences célestes qui cocardent mon matin
Mon midi, mon soir et puis ma nuit aussi
Petites prunes bien propres, elles brillent
Lavées à l’eau salée, récurées et frottées
Rincées
Lestées de larmes
Saumures en petits sacs
Deux sacs sans anses, ni bretelles ni roulettes
Sacs ou sachets, je ne sais pas
Pleins et un peu lourds
Un peu lourds
Alors il a dit
Tu renifles et moi, j’aime bien quand tu renifles
Puis sur le coton blanc du mouchoir, une trace a fait couleur
Encre


Elle a dû naître dans un encrier. Sylvie Franceus ne voit pas d’autres explications à la plume qui ne se détache jamais du bout des doigts de sa main droite. Elle est droitière et l’encrier, en porcelaine blanche. L’encre et son regard ont la même couleur. Les mots sont ses chandails et ses bols de soupe, ses bulles de savon et ses gouttes de sueur. Elle écrit des textes microscopiques, des nouvelles et des fééries poétiques. Présente dans les n° 39, 40, 41 et 42 de Lichen.

3 commentaires:

  1. Poème magnifique à fin bouleversante, et tout du long si affranchi, d'un rythme rien qu'à lui : à vous, à toi, d'un mouvement si alchimiquemmelardé, comme abracadabrassurant au point que même sans toujours bien y voir, reconnaissant je m'en achemine... ********************

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  2. Un balancement qui renforce parfaitement la densité et la force de ce très beau texte.

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  3. Qui console l'autre ? j'aime la tendresse qui apparait dans cette poésie.

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