Stéphane Marty


Je viendrai à ton enterrement

Tu m'as dit, Te voilà enfin fils !
Après deux suicides, un divorce
Et des années de prisons.

Fils, j'espère pour le moins
Qu'avec l'argent de ma mort
Tu t’achèteras une conduite.

C'est dur de filer doux
Et combien même 
la vie n'est pas faite
Pour les poètes
Prends exemple sur moi
Cesse de faire marcher ta tête
Rends coup pour coup
Comme tu rends du mauvais vin
À chacun son dû.

Fils le mauvais esprit
N'est point entré en moi.
Je suis le mauvais esprit
Et c'est pourquoi j’ai toujours veillé
Afin que tu ne le perdes guère
Sur le chemin de la bonté
La bonté n'est pas faite pour les gueux.







Né en 1961, Stéphane Marty n'avait rien publié, bien qu'il écrive depuis l'âge de douze ans. Ses écrits, remisés dans cartables et mallettes, le suivent partout au hasard de ses pérégrinations dans l’existence. Il a exercé divers métiers, pendant une dizaine d'années, puis intégré la RATP de papa, où il est resté près de vingt-huit ans. Rien d’extraordinaire dans sa vie, dit-il : « Une existence de travail, de l'amour, qui ne dure pas toujours, des enfants et des petits-enfants. Mais tout de même, des moments lumineux. Les livres sont de ces moments-là. Entre André Dhôtel et Constantin Cavafy, ils sont quelques petits cailloux blancs qui me permettent de continuer le chemin. » Le sort l'a installé en Seine-et-Marne. Présent dans le n° 28 de Lichen.

2 commentaires:

  1. "la bonté n'est pas faite pour les gueux"...j'adore,merci.

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  2. Bukowski aurait vomi de l amour si lavie ne l avait tué

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