Sonia Leijtz



Stück 2 / Heimat

le fleuve il traverse la ville, les mines sont fermées, et beaucoup moins de trains, on le regarde le fleuve, il faudrait le marteller si on avait le courage, autour les sapins sont noirs, et chaque fois qu'on a coupé une branche il y a un œil dans le tronc, les maisons sont basses, peu de fumée, on a tout remplacé, l'électricité c'est le monde qui descend jusqu'ici, mais le silence aussi, calme sans douceur, lisse à crever, le soir on est seul, sur le banc au bord des mines, on vendrait une part du ciel pour embrasser quelqu'un, on mange des cacahouettes, c'est dur les cacahouettes, et ça n'en finit pas, c'est toujours un morceau du monde à l'intérieur de soi, ça occupe, on n'a pas de marteau, plus là, ou je ne sais pas où, nous reste le courage.  







Née en 1988, à Friedberg (Allemagne), Sonia Leijtz a beaucoup voyagé. Après des études de physique, elle a été mécanicienne en Égypte pendant deux ans, dessinatrice industrielle en Allemagne, chômeuse, modèle pour les étudiants des Beaux-Arts. Aujourd'hui, elle vit en Belgique et vient de commencer à écrire. C'est sa première apparition dans Lichen.

1 commentaire:

  1. J'aime beaucoup ce texte, on a l'impression d'y être, dans une région ouvrière sinistrée où la misère s'accroche à chaque coin de rue, où l'on vendrait une part du ciel pour embrasser quelqu'un. Bravo !

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