Siméon Lerouge


La Résidence, haïkaï

Les charpentes plient                                                                   
Sous le poids                       des lucarnes
Et les ardoises noires vivent aux crochets du toit

Le pan           des maisons grises  a son appentis
D'écorces et d'arcanes
                       Encadré d'un porche

Une fenêtre n'en dit pas plus long
Qu'un miroir                        imbu d'un mauvais bleu vert
Carreau borgne       ou songeur
L’œil plus gros que le réverbère
Au-dessus des pelouses
                                                                                             Tondues ras

Les pavillons se reflètent dans les jardins
Paysages d'aquarium                    sans homme

Rien n'est haut                    et ce qui est bas se voit
Un grand ensemble de caprices  
Parcelles       exactes
D'angles droits qui s'évitent
                                               Au coin de la rue

De temps en temps           il y a un arbre                                  à l'écart
Ses fruits remplissent les poches du caniveau
Dessous la grille      l'humus brille
Au milieu des papiers gras

Les migrations se multiplient                  à vol d'oiseau
Les merles aussi      s'installent en périphérie
Ils rivalisent
À vol d’œil               
                                                          Au-delà du cercle des cours                    désertes

Le printemps a grignoté le tour des dalles
Le goudron mat s'émiette
En graines noires                qui fanent    avant d'avoir germé

Ici        le bruit de la ville s'en tient
À la chaleur enveloppante d'un camion poubelle

Pour la jeunesse      inquiète       des centres-villes   
Une résidence ne répand qu'au beau temps
                                   Le crépi blanc
            De ses murs
                          Au soleil






Né en 1993, Siméon Lerouge vit à Brest et se consacre à l'écriture depuis la fin de ses études de Lettres. Contact : si.lerouge@laposte.net. Présent dans les n° 28 et 33 de Lichen.

2 commentaires:

  1. Si j'avais tendance à trouver le "sujet" morne, votre regard me persuade du contraire : il explore ce réel avec acuité et originalité ; il est sous-tendu par un point de vue sensible que vous prenez soin, suggérant seulement, de ne pas asséner au lecteur. Belle page de poésie. Merci à vous.

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    1. Siméon Lerouge11 juin 2019 à 14:51

      Je suis très sensible à votre commentaire, cher Clément G. Second, et vous en remercie de tout cœur.

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