La Route, ballade
Dans l'immense espace
ténu des routes
Le paysage ne fait que passer
La route l'échine
Qui nage entre deux villes sous ses glissières
Elle atteint son but et se défile
Avant les panonceaux
Sur ses rivages imperméables
Autour du rond-point
Des afflux lacets tendus
S'emmagasinent
Puis plus lâches aux abords de la ville
L'élan s'achemine
Aux segments rugueux
De coaltar durci
Le circuit serti de panneaux
Sirop noir
Élève au-dessus des remblais avec exactitude
Des filaments de troupes automobiles
Et la chaussée que se partagent au plus pressé
Les sédentaires
La route fissure gravillonne
Coude et courbe
Le paysage en lignes larges étalées
Les réseaux enneigés de boue froide l'hiver
En été l'odeur de gomme sur les routes
Les pulsations bleues de lumière sous les ponts
Jusqu'aux parterres frottés d'effets dynamiques
Au bord de la route
Les fossés se comblent de riens
C'est déjà le fond de la Terre
Des accélérations résonnent en s'étirant
Sous les pylônes
Des restes de bosquets obliquent en marge des friches
La route est l'éclaireuse
Cherchant l'ennemi qu'elle a sur son dos
Rien
ne double le ciel lent qui s'en va
Né en 1993, Siméon Lerouge vit à Brest et se consacre à l'écriture depuis la fin de ses études de Lettres. Contact : si.lerouge@laposte.net. Présent dans le n° 28 de Lichen.
Un poème galvanisant , qui va droit aux entrailles , et cherche sa structure au sein même du désordre . La simultanéité de cet environnement urbain est bien restituée par des jeux de correspondances et des trous textuels pleins d'intrigue . La description qui aurait pu paraître un peu clinique s'ouvre à la mythologie , sur le terrain glissant des rêves et des métamorphoses . Une ville ? non , un drôle d'animal , qu'on tire par la queue , qu'on débusque à chaque trou .
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