Sébastien Houÿ



Pour territoire une pierre blanchie
Pour conversation un cèdre rival
Pour autel une chapelle de fougères
Pour château scintillant une montagne prochaine
Et pour tout songe une improvisation du vent

Pour horizon une âme sauvage fuyant les ornières
Pour tout espoir une voilure gonflée de commencements
Pour colère un mur écroulé du temps de l’asservi
Pour tout amour la possibilité d’un salut
Pour chaque solitude un silence partagé

Pour toute voix enchevêtrée dans le mirage d’un chant
le feu abandonné aux ombres
Pour souvenir une étoile antique à la mort ignorée
Pour tout corps un fleuve au goût de terre et de pluie aux rives aventureuses où sommeille dans la vase un serpent spirituel

Pour refuge une nuit de prochaines blessures
Pour blessure le franchissement de toutes patiences
Pour tout cri un chemin d’orties glacées balayé de bourrasques

Et pour toute présence de grands arbres aux pieds desquels j’attendrai que la pluie cesse dans cette campagne de terre éboulée et de chiens qui aboient






Sébastien Houÿ, né en 1980, a étudié et enseigne les Lettres modernes. Il s'inspire des formes brèves en poésie, le haïku et le vers libre. C'est sa première apparition dans Lichen, où il propose un poème extrait d'un recueil intitulé L'Aube future. L'aube parce qu'il se pourrait bien que la poésie ne soit rien d'autre que la promesse du jour.  

2 commentaires:

  1. Une délicate sensibilité attentive au monde et aux remuements de l'intime. C'est sur cette mélancolie nocturne que poussent les belles fleurs du poème.
    Michel Diaz

    RépondreSupprimer
  2. Merci Michel pour votre retour. A bientôt au détour d'une lecture future..

    RépondreSupprimer