Sadou Czapka

 

 

Le mur


Le mur s'étend d'est en ouest,

tiré par tous les vents sur un édifice calciné.

Ta main effleure sa pierre blanche,

qui saigne et s'engorge.

Ici la poussière est sourde,

la guerre est sourde, le monde est sourd.


Le mur est bâti par les hommes,

pierre après pierre,

qui ne laisse voir

que l'envers du décor,

ta main craque,

son ossature piquée de rouille.


Le mur est une limite

et nous sommes des animaux aveugles,

dehors le monde craque

les sangles élimées

les chapeaux noirs rincés et saouls.


Le mur est un silence

d'où suinte la foule hystérique.

 

 

 Encre de Samuël Autexier.

 

 

 



Poète, Sadou Czapka, née en 1978 à Lus-la-Croix-Haute (Isère), a travaillé pour la compagnie de danse contemporaine Témoi, avant de de devenir libraire, sous forme associative, à Reillanne (Alpes-de-Haute-Provence), à l’enseigne de la librairie Regain. Elle mène également des ateliers d’écriture depuis 2010. Ouvrages publiés : Les Oiseaux Conquis (Atelier de l'agneau, 2000), Dédales d’aubes (Atelier de l’agneau, 2003), Solstice (Rafaël de Surtis, 2008), La Ravine (Rafaël de Surtis, 2021). À paraître : Nue (Rafaël de Surtis, 2023), D’autres accidents de poèmes (éditions Quiero, en 2023). Ce poème est extrait de ce recueil à paraître à l’automne 2023. Voir :  https://www.frequencemistral.com/Portrait-d-une-poetesse-Sadou-Czapka_a11612.html. C’est sa première apparition dans Lichen.

2 commentaires:

  1. Le mur cette frontière qui nous brise et nous brisera.

    RépondreSupprimer
  2. Le mur calciné saigne la pierre, l'envers de rouille, le mur est silence

    RépondreSupprimer