Rodolphe Houllé

 

Il y a tant de parenthèses que le temps ne referme pas

tant d’eaux qui ne s’écoulent jamais

tant de nuits qui reviennent paupières coupées

 

Il y a tant de mondes que ne porte aucun monde

tant de ciels pour soutenir le vide

tant d’incendies défendus par le froid

 

Tant de fenêtres enfouies

de ponts qui ne touchent qu’une rive

si peu de mots dont les ombres joignent ton silence

 

°

 

Une voix se heurte au vide 

au noyau de sommeil au creux de chaque chose

et sa déroute

est cet écho d’où peut renaître le silence

 

Une main

se saisit de son ombre et lui enseigne la lumière

mais l’ombre

incline le jeu vers l’inconnu

et se revêt de chair

 

Le temps aliène une couleur à l’invisible

déplace de par le monde une promesse oubliée

emplit tes yeux de sel

 

La nuit guérit par ta présence et elle te donne un nom

 

 





Né en 1970 Rodolphe Houllé écrit depuis environ vingt-cinq ans, essentiellement de la poésie, beaucoup plus rarement de la prose courte. Il a été publié dans une quinzaine de revues depuis 2004. C'est sa première apparition dans Lichen.

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