Philippe Labaune


La ballade de Desert Eagle (2)

4. Caterpillar à fond les ballons en plein milieu d’un grand rien jaune je l’ai appelé une fois deux fois et à chaque fois bridge impossible fonce droit dans la faille et fume fume little loader ça me rappelle une chanson de Franckie l’esquimau souffle sur le sable et c’est la tempête pourquoi ne pas manger la neige canari et la chenille déroule ses accords électriques à toute berzingue et racle et plonge dans le désert en feu et sonne la sirène et tout foutu en l’air le parc d’attraction mondial aucun exercice de soumission et les vapeurs du diesel dans les yeux 

Interlude – sous le désert un salon dans la mer et une sirène qui embrasse les dormeurs on change de dimension tout allongé plus rien d’un carré une poche sans oxygène tout fluide le chant des baleines pour oreiller aucun signe extérieur de rébellion je suis le souvenir d’un rêve ce nageur énigmatique et sa poupée gonflable misère 

5. enfin enfin presque le métro transglobal et creuse et fore et perce et sape une Joconde de profil on dirait ma copine Alice un rat dans le moteur avec ses airs de ballerine c’est une grosse basse qui avance sous le crâne passe-moi la clé et le mambo encore et encore ta musique de froussard et chante avec les sept nains de la mine oh joie du travail 

6. c’est piscine on est tous là avec nos gueules de déterrés Alice William Franck Yma Sumac attention sol glissant ne pas courir manqué l’éclipse qu’avons nous appris de notre roman d’aventures technicolor akétibotiptipbombodirabambum maintenant toute l’essence dans le sang et la sagesse et la trahison des images dans des vapeurs de fuel non à la torpeur et à la mort oui à la couleur 







Philippe Labaune vit et travaille à Lyon. Metteur en scène, il a fréquenté nombre de poètes : Rilke, Pessoa, Collobert, Zürn, Gleize, Prigent, Dubost, mais aussi les textes de la jeune génération de dramaturges : Roche, Mougel, Gallet. Il défend un « théâtre de poésie » qui ferait la part belle à la perception sensible et inconsciente, à la musique de la langue. L’écriture émerge aujourd’hui comme une rivière souterraine qui atteindrait le jour après tant d’années de travail invisible. Présent dans les n° 28, 29 et 36 de Lichen.

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