se définir positif
(« petites proses en réponse à … », en lecture de la revue Lichen n° 33 & 34)
par Xavier Monloubou
1 n° 33 & 34 - Asteln : « l’humeur et l’ardeur »
retenir (33) l’humeur et l’ardeur, quelque chose de la fleur, la retenue définie dans ton regard. bruire de rire. en porteur de miel. en abeille, messager rêveur dans l’enclos de printemps. au murmure débridé contre cet arbre à mes yeux qui pleure avant la pluie. et(34) le songe hôte devient ronde au bout du crayon, un reste blonde au bout du soleil. et davantage.
2 n° 33 & 34 - Michel Betting : « pierre, détail et géomètre »
rester en contact (33) avec la vieille pierre, et sentir un détail inscrit dans la lumière qui s’attarde. respirer une entaille et son souvenir, éparpillé. alors dans l’effet osmose, se relever en hôte, en pagaille. et colporter en bon (34) géomètre, d’une crête à l’autre un définir, un équilibre passant, d’un regard à l’autre. une main à son âme. et l’autre à son ciel.
3 n° 33 - Pierre Beulin : « définir le levain »
ne pas résister au revers de main. retenir et atteindre l’hôte dans son coeur, en goûtant au levain de lumière. laisser le mot rien se délester dans l’essaim de l’un l’autre, gardien du souffle d’un nouveau cri.
4 n° 33 & 34 - Mireille Bloyet : « définir le berger et l’étoile »
apparaître avec l’étoile (33) et le berger au matin. toute éclose. un verre de lait chaud murmure. le cœur féminine et toute pleine, avec vue sur le ciel. appuyé sur un mot trouvé en forêt sur un disque de bois (34), une larme reposée au col d’un duvet de nuit.
5 n° 33 - Marianne Braux : « la mer et son paysage »
la respiration de long en large : la mer et son paysage ; elle s’efface. je la laisse aller avec le bateau qui la retient. en surface, au loin.
6 n° 33 - Martina Campi : « main revers »
il pense à l’envers. à l’ombre de son décors. reviens, chat beauté. d’une portée du nord. d’un revers de main. à l’arrivée du monde gaucher.
7 n° 34 - Aurore Benamou : « soleil et être »
le soleil décrispé et voilà qu’il relève la tête, à l’ombre défaite de gestes ; le rayon l’étale, long et sûr ; qu’il en reste.
8 n° 33 & 34 - Marie Claire Chouard : « le rire à mort »
même (33) fort et serein dans le tronc de la main. le regard comme un garde venir dans l’essor du soir. d’un même effort, son corps forme l’envers de chaque seconde, porte l’effet spirale de l’univers. à l’ombre éclose. souvenir déjà enfouie d’un moment passé. foulé (34) au pied d’oiseau ou d’éléphant, de souche fossile mais le regard encore vivant.
9 n° 33 & 34 - Sébastien Cochinard : « l’élan de l’envers »
j’ai connu (33) cette forme perdue dans l’élan de l’envers ; un horizon allongé perpétuellement ; le dessin virgule, le regard éperdu de soie ; tel (34) un pot de miel collé au nez de grue dans la ruche – mai déjà vide.
10 n° 33 - Éric Cuissard :
tel un bagage mal préparé, le souvenir revient par la voie du goût, formé d’avance ; son corps de pomme est constitué de rien mais il vous fait encore quelque chose ; tout en poche comme mai, fait de rien.
11 n° 33 & 34 - Colette Daviles-Estinès : « vent et cargaison »
le vent (33) emménage le cœur visible, chargé de pluie. tracer quelque chose de nuit, un paquet de matin. alors il déballe la rosée. et détale comme un souvenir. dans (34) un port, mendiantsillon, raie de lumière et oubli, se confondant aux cieux ; résidant d’un clin d’œil et de chair d’âme.
12 n° 33 - Pierre de La Fontaine : « vent d’origine »
et peu à peu une main devine. divine mémoire qui vous touche, d’un autre monde, en portée ; vous voilà à mimer un écho, en toute chose, à produire la parole. et d’un tracé, votre écriture reste, comme un hôte.
13 n° 33 - Thierry Delhourme : « légende et rêve Noé »
le poids du mouvement qui s’échappe avec joie au large du Cap vert, d’un cri éléphant dans l’arche de Noé ; bord de mer et roulis vague bravent l’horizon ; où larguer une amarre sourire, et s’éloigner enfin.
14 n° 33 - Marine Dussarat : « au son doux des anges »
doux comme le son du silence. au craquement de gorge d’un moineau ; et vient le hennissement des anges ; le regard agile sur la ville.
15 n° 34 - Khamylle-Abel Delalande : « déterrer l’écho »
rien ne tarit dans ta main poète ; la poignée de soie en terre ; élève le pollen, avance le pli bourdon ; et sers le miel de ciel, le brillant en toi.
16 n° 34 - Barbara Bigot-Frieden :
l’œil fermé comme un galet qu’elle perd, en jetant le ciel ; elle oppose rime à rive ; et revient, la mer en poche.
17 n° 34 - Clément Bollenot :
parle avec ton cœur. reconnais l’unhiver et rêve de te retrouver dans le blanc de ses yeux.
18 n° 34 - Teric Boucebci :
le papillon se défait mais l’étoile n’oublie jamais sa chrysalide. le souvenir se défait par déclinaison, voilà l’état secret des mots.
19 n° 34 - Kévin Broda :
pas de semis en hiver. l’écriture pourtant espère.
20 n° 34 - Évelyne Charasse :
la dernière fois la lune a perdu ses feuilles d’or, d’abord pleine, avec vue sur l’automne ; mais ce soir, elle perce son oreille d’argent et tu devines que ce n’est plus l’automne.
21 n° 33 & 34 - Mokhtar El Amraoui : « le seuil »
verbe sans orgueil (33) comme éternuer et s’échouer. la main contre le mur saint, pomper le récit du dernier cantique ; le temps se plie dans le vent, d’un verset accordé à votre voix ; et (34), à voilures basses, le vent déporte l’autre univers, versant la lumière sur l’île d’ombre.
22 n° 33 & 34 - Fabrice Farre :
mue (33) d’homme, écoute l’eau avant de l’écouler. et dialogue avec cette eau va qui percer (34) le mur et, prenant la rue, s’enfuir.
23 n° 33 & 34 - Joël Godart :
la mer déplie (33) sa robe sur la plage ; retiens sa main (34) qui minute à minuit ; quand elle souffle avec le vent.
24 n° 33 - Pierre Gondran dit Remoux : « lichen »
pousse d’or, elle brille et butine contre l’arbre ; vous guide vers l’étoile, au nord.
25 n° 33 - Annabelle Gral :
quand parfois : le vide peuple - d’ombres - l’éclat du ciel ; alors, rêve.
26 n° 34 - Charles Duttine :
et cette pâte de lumière dans l’œil, d’être à l’heure.
27 n° 33 - Hoda Hili :
le coquelicot et son paysage vide. quand l’hiver durcit le teint. envolée au nord.
28 n° 33 & 34 - Sébastien Houÿ :
sa voilure de solitude drape (33) le mur, elle siffle un dessin absorbé par le vent ; s’emporte, s’entaille ; et de reste, éclose à travers le pétale flou d’un brouillard ressorti de l’hiver. et puis dans l’heure (34), elle décrit le pays, d’un seul grain de photo.
29 n° 33 - Nicolas Jaen :
le sillon se referme sur l’amer ouvert ; et le fil de sourire à la place de la tête ; quand l’être blessé se relève encore.
30 n° 34 - Iocasta Huppen :
éprise de soie dans le bois qui tisse la lumière.
31 n° 33 - Antoine Janot :
emprunter un timbre de soie au chant du matin. et poster un arbre, reparti en terre.
32 n° 33 - Ephraïm Jouy :
le mot appauvri s’ouvre comme un psaume. d’une poignée de main élevée, vers de ciel ; en répartie, se dore de lumière entravée doucement au vitrail, multiple de l’élan de toute joie.
33 n° 33 - Lucile Lagadec : « hommes saints »
tendre monde au bout de leurs yeux, à tendre le monde du bout des cieux, attendre le monde avec eux.
34 n° 33 & 34 - Alain Lecomte :
décris (33) le seigneur, sors du rang, avec ciel, et reste, marcheur. et va (34),garde du vent, calligraphe de la soie qui, avec l’abeille, trie le miel mou dans le pollen.
35 n° 33 - Sonia Leijtz : « fleuve »
elle a fait du grain avec mon rêve ; la paix contre l’enclume ouverte comme une pore à l’univers ; d’écouter le bon son de l’attente ; elle vous traverse, fleurissant à chaque soir, étoile filante aux sept incandescences ; le cœur battant en mesure, d’un écho traçant là son mot absent qui emmène chacun, sans clé, du bon coté de la peau ; quand chacun mue comme la cigale au moment de renoncer pour renaître au rayon maître ; j’en dors à peine pour écrire d’y croire et finir en fleur éclose.
36 n° 33 - Alix Lerman Enriquez : « paix. 2 »
décrire la pluie et son manteau léger, la nuit qui s’annonce d’un reste de lumière de soie ; pencher la tête vers le haut quand un seigneur parle, à travers un creuset de lumière contre l’arbre fruitier ; une cigale semblant sortie du chaos, fait muer une branche d’olivier en fanion de paix, vers le ciel.
37 n° 33 - Siméon Lerouge :
notre terre, ce bout de rivage à hauteur de nuages. on y débarque sans équipages. on en revient les mains vides, déchaussé, et déposé ailleurs.
38 n° 33 - Bernard Loyer :
un grain dans le paysage qui change tout, le brouillard au bec : c’est une lèvre d’oiseau qui s’efface ; d’un pas pourtant, il semble qu’il parle.
39 n° 34 - Viktoria Laurent – Skrabalova :
l’autre n’est pas plus absurde sans bruit, pas moins drôle que l’oiseau affranchi des frontières ; libre avec la montagne qui dresse ses pieds dans le ciel, moqueur libre d’envie, de s’envoler avec la montagne, l’air de terre sainte, il gonfle les voiles de ses ailes, se tenant au mât des cieux.
40 n° 34 - Véronique Lévy Scheimann : « s’il vous plaît »
reine ou roi et las de vous rasseoir … vous alignerez vous au pas d’or ; dans l’élan de votre cœur ; pour aérer le monde assis
41 n° 33 & 34 - Patrice Maltaverne :
et (33) dans la montagne, il saisit le nuage au vol, avec l’oiseau plus vif au vent, … ciel invertébré, il passe (34) d’un état de corps à l’autre.
42 n° 33 - Marguerite C. :
la main fait éclore la forme plus belle au toucher ; mimant le réveil d’un paysage qui danse, un rendez vous avec le matin qui apparaît comme le nouveau monde.
43 n° 33 - Frédéric Martin : « la solitude du temps »
il compte ou se décompte, tracé entassé en chacun. seul on le quitte ; c’est seul aussi qu’il nous quitte.
Merci pour votre lecture attentive, pour ces mots à géométrie ciselée. Ces mots nouveaux ne s'arrêtant plus de danser. Votre lecture "comme une étreinte".
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