Paul Polaire


S’amarrer à Marans c’est pas drôle ! 

Enfants de chœur et déjà tout en nage,
nous avions de saines colères
à voir la main de nos sœurs dans la culotte d’un zouave.
De saines colères et des membres d’équipage…
Hardi les gars, tous aux guindeaux,
fuyons les presbytères et, dans les fumeries de Calcutta,
envoyons de la toile pour Valparaiso.
Saluons Gauguin face aux Marquises où il nous faudra troquer
nos fausses roupies pour des bonbons.
… C’est ce que les friands disent aux îles Bourbon.
Nous jouerons à « je te tiens, tu me tiens  » avec la barbe de Poséidon,
de son ire d’écume nous nous  taillerons un mol édredon,
car 
dans nos hamacs tannés à polir nos sextants et,
sur l’astrolabe étoilé rêvant,
rêvant aux filles de La Rochelle qui nous espèrent au mouillage
à la Tour des Quatre Sergents.
Nous y serons tantôt perchés dans la dunette près du mât d’artimon,
Nous sentirons un peu le poisson, les doigts pleins de colle,
On nous y  verra tenter vainement d’y sodomiser les mouettes en plein vol.
Alors fendant la foule en liesse, les filles de La Rochelle
Nous feront mander à bord sur la rue du quai,
car, lasses de bittes d’amarrage,
nous prieront de vouloir bien leur dérider les fesses,
Et d’y convier tout l’équipage.








« Que dire de soi-même sans tomber dans la complaisance ? », écrit Paul Polaire, ancien cancre (ce dont il se dit « presque fier ») qui a été successivement palefrenier dans les écuries d'Augias, dresseur de poulpes dans un cirque, fille de salle dans une cage aux folles et, présentement, gonfleur en chef dans une usine à gaz — sans omettre une brève période d’intérim au cours de laquelle il fut derviche tourneur fraiseur chez Renault. « Je n'ai pas eu une vie facile », ajoute-t-il humblement. Présent dans les n° 9, 10, 11, 16, 17, 18, 19, 20 et 24 de Lichen.

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