Le drap
Je déplie le drap
S’en échappe une haleine d’antan
Relent têtu de naphtaline
Fines particules de poussière qui virevoltent dans la lumière.
J’empoigne la pièce de coton blanc
Tissée pour résister aux bouillants assauts de la lessiveuse,
Sculptée d’arêtes à l’emplacement des pliures qu’il faudra lisser au bordage.
Sous la paume, la fraîcheur sèche de l’étoffe qu’on étend.
Au milieu du rabat deux initiales entrelacent leurs jambages.
Broderie savante
Chevauchée de fils
Relief parementé de graciles attaches.
Aujourd’hui le tissu fronce un peu à l’endroit des coutures
Les points polis par l’usure.
D’une peau diaphane la toile enveloppe
Le corps pâle des vieux amants.
Nadine Travacca vit à Chambéry et elle aime les mots, leur force et leur intranquillité. Les textes lus et reçus dans le silence, et puis les mots dits, portés par la voix, qui donnent à entendre une parole singulière. Présente dans les n° 31, 32, 34, 35, 36, 37 et 39 de Lichen.
Ah! Nadine: les beaux draps blancs de nos grand-mères.
RépondreSupprimerEh oui, le passé présent qui habite nos vies ! Merci pour votre lecture Eric.
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