Viatique
Tout peut arriver
Murmure la mère
Sa voix a la douceur
Du baume pour panser la peur
Elle se moque des soldats
Elle craint seulement pour toi
Le froid la faim
La solitude qui rend fou donne l’envie de se battre
Elle ne veut pas partir
Ni retenir
Elle répète juste Tout peut arriver
Tu fixes sans bouger la poussière à tes pieds
Dans l’embarcation la houle sournoise et le cri des mouettes
Un passeur arrogant
Tout peut arriver
Déversé ruisselant sur une autre rive
Tu oublies ton nom
Et si … ? Bredouille l’un
Compagnon de misère souillé de terreur
Tu lui fermes la bouche
Tout peut arriver Il le sait aussi
Au bitume éclaboussé de lumière
Tu préfères la terre
Boueuse que tu piétines pour avancer
Dans le campement d’infortune
La horde hostile
L’épouvante tapie au bord du crépuscule
Tout peut arriver
Une main fouaille agrippée à tes hardes
Dans le désordre de la nuit tu bondis
Chairs déchirées corps en vrille
Qu’on bouscule sans voir au petit matin sale
Tout peut arriver
Un souffle acide te siffle arriver encore
Pantin hissé d’espoir rampant
Tu trébuches sans plus regarder tes pieds
Nadine Travacca vit à Chambéry et elle aime les mots, leur force et leur intranquillité. Les textes lus et reçus dans le silence, et puis les mots dits, portés par la voix, qui donnent à entendre une parole singulière. Présente dans les n° 31, 32, 34, 35 et 36 de Lichen.
Emouvant
RépondreSupprimerMerci Anneh !
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