Nadine Travacca


L’escalier

Elle entame la descente 

À tâtons

L’interrupteur du palier n’a pas répondu à la commande elle doit se diriger à l’aveugle dans l’obscurité noueuse 

En haut des marches la verticalité moite du corps tendu

Elle ferme les poings balance les bras pour éloigner sa vibration sournoise 

Inspir expir / Inspire sou/ou/ff/ffler elle s’oblige le métronome dans la tête

Cherche le mur à main droite fléchit les genoux avant de propulser une jambe dans le vide.
Le pied oscille. Le buste aussi. Elle étaye la prise sur la contremarche ramène le pied resté à l’arrière. Retour au monde des certitudes 

Ventouse glacée le béton tout contre la cheville 
Relents de moisissure membres gorgés d’obscurité pâteuse 
Elle laboure pointe de la semelle le nez de la marche suivante 

Encore encore

25 marches mènent à la cave elle a franchi la première






Nadine Travacca vit à Chambéry et elle aime les mots, leur force et leur intranquillité. Les textes lus et reçus dans le silence, et puis les mots dits, portés par la voix, qui donnent à entendre une parole singulière. Présente dans les n° 31, 32, 34, 35, 36, 37, 39, 40 et 42 de Lichen.

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