Nadège Cheref

 

À l’aube de mes nuits

 

Baignée par des rivières insondables,

où ruissellent encore mes blessures,

blessures d’une enfance défragmentée,

je perçois encore

le reflet de ces visages grotesques, 

qui dansent comme des vautours.

                                                 Il m’arrive d’entendre au loin, 

                                                 loin derrière les rives asséchées,                                               

la musique de Tchaïkovski,

ivre et difforme,

comme une image opaque imbibée d’alcool.

 

Et seuls, 

 

à travers l’immensité du vide,

des nuages en fleurs,

bambins joufflus,

me sourient et crapahutent,

sur des fontaines d’étoiles.

 

Je voudrais les toucher mais mes mains tremblent et meurent... 

 

                                            Et il y a aussi, 

                                            parfois, 

quand le silence expire, 

dans chaque rêve sauvage 

qui égrène mes nuits,

cette respiration haletante,

qui prend des airs,

de cheval moribond.

Oui,

ma souffrance est partout,

parmi les nuages de plomb,

parmi les forêts aux multiples visages,

parmi les flots titubants des herbes folles,

                                                        et dans chaque soubresaut des vagues,

                                                        qui résonnent dans mes veines.

 




Née en 1974, Nadège Cheref vit actuellement à Sète. Avec un premier poème écrit à l’âge de 8 ans, la poésie n’a jamais cessé d’être son amie. Influencée par la poésie américaine (notamment Ferlinghetti), elle prône une poésie libre de toute contrainte où l’imaginaire et la réalité se mêlent pour laisser place à la quintessence des sens. Publiée dans la revue web québécoise Cavale, elle sera présente dans une anthologie éditée par Selaprod et a obtenu en 2021 un prix littéraire des Arts et lettres de France de Bordeaux. Présente dans les n° 73, 74 et 75 de Lichen.

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