Myette Ronday

 


LE DOMMAGE, c’est que l’éclat laiteux de l’aube

dissout les monstres sans pour autant

les transformer en sauveteurs.

Mais avons-nous vraiment nécessité d’être sauvés ?

Si l’on s’en sort, nous ne serons plus

jamais semblable à nous-mêmes. Et, disant cela,

les mots sonnent faux comme ceux

d’une pensée idée intime trop neuve

pour être exprimée sans déraillement.

L’incompréhension à laquelle elle se heurte

nous emplit ensuite d’une résonance agréable,

d’un bien-être désinvolte, voire même

d’une sorte de béatitude qui imprègne


pareillement les rochers et les arbres de la côte.


°


DANS LA VASTE tapisserie sombre du ciel,

les étoiles ont l’éclat fascinant des fenêtres éclairées.

On reste un long moment sans plus songer à rien,

laissant toutes choses se résoudre d’elles-mêmes.

Le cœur s’accorde aux vagues

des vents coulis dans la forêt de fougères,

le corps désormais sans contours,

l’esprit même à l’unisson.

Sous les paupières, la moire ondulante et grise


de la mer du Nord continue de chatoyer.





Née à Liège sous le signe des Poissons, Myette Ronday vit à Larnagol, sur un causse du Lot, compagne de l'écrivain Jean-Pierre Otte. Pendant une douzaine d'années, elle a animé des ateliers d’écriture fondés sur l'imaginaire, notamment dans les Universités espagnoles et pour l'Alliance française en Europe de l'Est, avant de se consacrer à sa propre écriture et à l'intrigue romanesque : Comment devenir une mante religieuse quand on a des réflexes de fourmi, Madame Robinson, Le Vélo de Berkowitz (Flammarion), Les morts sont devenus encombrants (5 Sens éditions), Arnal et la gauchère et Un héritage d'amour (Complicités). Présente dans les n° 86 et 87 de Lichen.




1 commentaire:

  1. Clément G. Second3 septembre 2023 à 18:40

    Cette ampleur intelligente qui est la vôtre a quelque chose d'intime à voir avec le chant poétique, non ? Merci

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