Mokhtar El Amraoui


Ciel en lambeaux

Le clapotis des vagues bat les cartes effritées.
Les rames nerveuses découvrent
Le rire désargenté des écailles explosées
Et le jasmin rouillé d’une dernière soirée
Sans parfums ni lendemains.
Le chat édenté ne peut plus miauler.
Il pose ses pattes sur chaque rive du canal,
Pour avoir, des pêcheurs,
Quelques têtes de sardines éméchées.
Une ombre chancelante jette toute grondante
Comme une lune fracassée contre le phare vert
La bouteille d’alcool à brûler en plastique,
À flamber les veines pisseuses
D’un vieux soleil fou fatigué
Qui s’étrangle
Dans les tourbillons nerveux
Des cordes d’un oud fané
Qu’on asphyxie
Comme une grenade pourrie,
Tête ensanglantée
Qui vomit toutes ces promesses non tenues !
Les griffes noires du ciel en lambeaux
Écrivent sur les remparts
Les cris bouffés par le sel de la morte lune !









Né à Mateur (Tunisie), le 19 mai 1955, d'une mère tunisienne et d'un père algérien, Mokhtar El Amraoui a enseigné la littérature et la civilisation françaises pendant plus de trois décennies, dans diverses villes de la Tunisie. Passionné de poésie depuis son enfance, il a publié deux recueils : Arpèges sur les ailes de mes ans (2010) et Le souffle des ressacs (2014). Plusieurs de ses poèmes ont été publiés sur le net et dans des revues-papier. Son blog : « Poèmes de Mokhtar El Amraoui et autres voyages » (http://mokhtarives.blogspot.fr). Présent dans les n° 8, 19, 20, 21, 22, 23, 30, 31, 32, 33 et 34 de Lichen.

3 commentaires:

  1. Puissance, décors aveuglant ...le secours ne pourra t'il venir que de l'écriture ?

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  2. Le vieux soleil se fout de nous.
    Il va faire flamber nos veines,
    s'attarder sur les plaines
    attiser les feux à tous les coups.
    Déjà il a mordu à pleines dents
    la terre ensanglantée:
    réduit l'océan à un étang
    où tous les navires se sont échoués
    parmi les dunes :
    le phare ne surveille que le désert,
    roches enduites de sel amer
    sous la morte lune...

    RC

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