dernier chien de la nuit, celui-là hurle encore, sans autre raison que lui-même, celui-là, le dernier, qu’on dirait égaré sur la plus haute cime, parmi les solitudes
qui dira vers quoi il appelle, la gueule ouverte à peine et les yeux levés vers le ciel, miroir de ses angoisses, s’obstinant vers le nom de ce qui est sans nom ?
voici le dernier homme de la nuit qui passe sur la route, il est ivre, le pas chancelant, la bouche armée d’injures, la voix trempée d’alcool, étouffée de haillons de chanson, cœur ruisselant de lentes larmes pâles et esprit alourdi de cadavres d’étoiles
qui dira, de ces cris lancés aux anciens dieux, de ces chants taillés dans la peine, l’un à l’autre liés, de ces voix jetées dans le vide et dénonçant, à bout de souffle, la présence immobile des portes et des fenêtres closes
qui pourrait nous dire ce qui en fait, contre les couteaux aigres de l’aurore, la belle, mystérieuse et profonde unité ?
Michel Diaz, né en Algérie, vit à Tours où il a enseigné la littérature et l'art dramatique jusqu'en 2008. Spécialiste de l'œuvre d'Arthur Adamov, il lui a consacré une thèse de doctorat. Attiré très tôt par la poésie, il a surtout, d'abord, écrit pour le théâtre une douzaine de pièces dont quelques-unes ont été publiées (P.-J Oswald, J.-M. Place), représentées ou diffusées à la radio sur France-Culture. Il est aussi l'auteur, chez différents éditeurs (P.-J. Oswald, J. Hesse, Chr. Pirot, L'Ours Blanc, Cénomane, Musimot, N & B, L'Amourier), de cinq recueils de nouvelles, d'une dizaine de livres d'art (poèmes et proses poétiques) en collaboration avec des artistes, peintres ou photographes, et de plusieurs ouvrages de poésie. Il a également contribué à de nombreux livres d'artistes à édition limitée et à la réalisation de « livres pauvres ». Présent dans les n° 5, 6, 7, 8, 12, 13, 14, 15, 17, 18, 20, 23, 27, 34, 35, 36, 57, 60, 61 et 62 de Lichen.
Un poème que je trouve magnifique et pourtant très dur réaliste et incisif sur un homme qui reste de côté et à côté de portes closes.
RépondreSupprimerMerci pour ce partage.