Michel Diaz


XIII. à l'amitié de l'aube

à mesure qu'il va, le désastre s'empare de lui, il sent parfois ses yeux s'assécher comme un lit de rivière et des pierres couler dans son sang
il sait pourtant, croit-il, déchiffrer la mémoire des arbres et lire sur les lèvres de l'herbe, ne plus contraindre son regard à la clôture des nuages et, depuis si longtemps, au croisement de deux chemins, abandonner ses pas à celui qui a su conserver sa plus belle part de mystère

leur demander qui suis-je ?, comme au vent qui insurge l'espace et vient de plus loin que le temps, comme à la mort qui marche à sa rencontre avec ses pieds d'enfant, n'a désormais plus d'importance puisque tout ce qu'il aurait dû savoir se révèlera aux portes de l'ombre, hors d'atteinte de la souffrance
que son dernier geste sera d'offrir ses paumes à la pluie, que sa pensée se tranchera les ailes sur le fil du rasoir de l'aube et brûlera dans le matin, sans laisser d'ombre, sans froisser aucun drap ni en appeler à aucune fleur, ni se mêler non plus à aucune poignée de poussière, de terre ou de cendre








Michel Diaz a publié plus d’une vingtaine d’ouvrages (textes dramatiques, poétiques, nouvelles) chez différents éditeurs (P.-J. Oswald, J.-M. Place, Jacques Hesse, L’Amourier, L’Harmattan, Christian Pirot, N & B, L’Ours blanc, Cénomane, Musimot…). Outre des livres d’art en compagnonnage avec des artistes, peintres ou photographes, il a travaillé également sur de nombreux livres d’artistes à tirage limité. Collaborant à des revues (Chemins de traverseL’IresutheCRVPoésie/PremièreÉcrit(s) du NordLa Voix du basilicEncres vives…), il est directeur de la collection « Nouvelles » pour les éditions de L’Ours blanc. Présent dans les n° 5, 6, 7, 8, 12, 13, 14, 15, 17, 18, 20, 23, 27, 34 et 35 de LichenCe texte est extrait de la série (inédite) Le lointain est ma patrie.

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