II. poussière du poème
il vient et passe, la langue lourde des gémissements de la terre et des pierres sous les paupières, le visage habillé du visage de l'homme, enduit d'espérance et de mort, traînant derrière lui le chariot des refus et de la joie souffrante dans les choses
et il parle pour ceux que conduit la folie d'étreindre plus passionnément les mirages de l'illusoire, pour ceux qui vivent sous la cendre et ne voient pas le jour, ceux qui meurent sous le silence et ont navigué avec les ténèbres, ignorant leur chute sans fond, sans qu'aucun vent jamais se lève dans leur nuit
il va, et sait qu'il est des pluies terribles, des tempêtes de foudre et d'éclairs, des jours transis de peur entre déluge et feu, comme des jours qui savent rendre grâce au vol d'un oiseau dans le ciel et au miracle inachevé du monde
ceux-là sont ceux que l'on écrit, sans savoir s'ils pourront percer la muraille des soumissions, sur les soirs rutilants de l'automne, l'étoffe des premières neiges et la poussière vierge du poème
mais butant sur les mots, doutant de leurs orages, comme doute un nuage de grêle crevant sur le désert
Michel Diaz a publié plus d’une vingtaine d’ouvrages (textes dramatiques, poétiques, nouvelles) chez différents éditeurs (P.-J. Oswald, J.-M. Place, Jacques Hesse, L’Amourier, L’Harmattan, Christian Pirot, N & B, L’Ours blanc, Cénomane, Musimot…). Outre des livres d’art en compagnonnage avec des artistes, peintres ou photographes, il a travaillé également sur de nombreux livres d’artistes à tirage limité. Collaborant à des revues (Chemins de traverse, L’Iresuthe, CRV, Poésie/Première, Écrit(s) du Nord, La Voix du basilic, Encres vives…), il est directeur de la collection « Nouvelles » pour les éditions de L’Ours blanc. Présent dans les n° 5, 6, 7, 8, 12, 13, 14, 15, 17, 18, 20, 23, 27 et 34 de Lichen. Ce texte est extrait de la série (inédite) Le lointain est ma patrie.
Lire Michel Diaz. C'est une valeur sûre ! *********
RépondreSupprimer