Vivre
La réalité est un coup de poing
Un direct du droit en pleine face
La réalité est un mur de parpaings
Contre lequel mes rêves se fracassent
La réalité me saute à la figure
Me déchire me dévore
Me déchiquète me défigure
Sans pitié sans remords
« Il est des nuits de doute où l'angoisse me tord » (1)
M’essore comme une serpillère
M’essore comme une serpillère
Dévore mon énergie à la grosse cuillère
« Et, ces nuits-là, je suis dans l'ombre comme un mort. » (1)
Que n’ai-je ta force de vie
Ton énergie qui est un geyser, un fleuve !
Vivre m’est une épreuve
Une coupe de mauvais vin à vider jusqu’à la lie
Tu prends tout ce que la vie t’apporte
Sans rien attendre, sans rien exiger
De la vie, je voudrais prendre la porte
Sans attendre, sans me retourner
« Mille tendresses à vous tous
Que je ne connaîtrai jamais !
Et je peux bien mourir en douce
Nul de vous n’aura de regret » (2)
Mille tendresses à vous tous
Que depuis longtemps je connais !
Et si je m’éclipse en douce
N’ayez, je vous en prie, nul regret
(1) Albert Samain, « Il est d’étranges soir… ».
(2) René Guy Cadou, « Hélène ou le règne végétal ».
Michel Betting a découvert la poésie et l'écriture sur la tard, vers la cinquantaine, par le biais du haïku. Il s'essaye également au tanka, au pantoun et à la poésie de forme libre, quand l'inspiration veut bien le visiter, toujours avec des mots et des formes simples. Présent dans les n° 20, 21, 22, 25, 27, 28, 29, 32, 33, 34, et 35 de Lichen.
Si si plusieurs auraient du regret de votre éclipse, même en douce. Dont moi, qui voudrais bien vous en persuader, car ce que vous écrivez (ce poème, les pécédents dans Lichen, d'autres sans doute) vaut son pesant de vie battante. Bien à vous.
RépondreSupprimermille regrets pour mille tendresses qui suintent du mur
RépondreSupprimermille tendresses pour la dureté du pavé
mille tendresses pour mille dons courageux
Un cri comme une bouée jetée
RépondreSupprimerFaut-il se noyer ou redresser la tête ?
J'ai beaucoup aimé vous lire.