Note de lecture





Michel Baglin : L'alcool des vents, poèmes (éditions Rhubarbe, collection Texture, 2010 ; ISBN : 2-916597-48-4 ; 108 pages, 15 €)

Une fois fois n'est pas coutume, c'est un recueil paru voici déjà neuf ans que j'ai choisi de présenter. Il est même plus ancien encore, puisqu'il s'agit d'une réédition d'un ouvrage qui avait été publié en 2004 au Cherche-Midi et était devenu introuvable... !
Pour un portrait de Michel Baglin, on consultera sa revue Texture, en particulier l'article : http://revue-texture.fr/ecrire-pour-descendre-dans-le.html
Et, en bon paresseux militant, je me contenterai de vous soumettre quelques citations, qui en diront plus long qu'un long discours ou qu'une analyse fouillée...

« Tout compte fait, si je devais rendre grâce ce serait à des riens. » Tel est le premier vers de ce recueil (p. 9) et il se passe de tout commentaire. Tout est dit.
« Par commodité on appelle ce qui dure un peu plus que nous le monde. » (10)
« Moi, je rends grâce à la sarabande des poussières dans le galop des souris.
À des rubans de mouches agglutinées qui pendent dans des maisons lointaines.
[...] À ce qui résiste à l'oubli, m'équilibre encore et cheville une histoire qui ne veut que se démembrer :
sur le fil cassant du moi, au balancier des souvenirs,
dans un présent toujours défait. » (21)
« Chacun ses grâces.
Elles ont des noms de femme, souvent. [...] » (22)
« Je rends grâce à ce qui m'aura blessé juste assez pour que je rassemble mon bagage [...] » (40)
« À tous ceux qui, sachant qu'il est une même nuit derrière la parenthèse que devant,
n'ont renoncé ni à user de l'outil, de la guitare ou de l'encre, ni à soigner les corps,
ni à planter des arbres. » (63)
« Je rends grâce au métissage,
qui nous sauve du bégaiement. » (64)
« Je rends grâce en somme à tout ce qu'on dénigre,
à la flânerie, à l'écoute, aux détours par le cœur [...] » (69)
« [...] à tout ce qui dénoue, à tout ce qui libère,
comme l'éclair d'un sourire dans une file d'attente. » (73)
« Je rends grâce aux vents coulis, à l'air qui frissonne,
au désir d'ailes,
au désert d'îles [...] » (86)

Élisée Bec

1 commentaire:

  1. Très beaux extraits du recueil. Cela me donne envie de lire l'ensemble. bravo pour ce choix d'un poète que je ne connaissais pas. Gilles

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