Martin Zeugma

 

 

Ma femme

(la peau morte)

 

j’aimerais que ma femme soit tout ce qu’elle n’est pas
brillante comme un soleil dans l’immensité de la chair commune
heureuse à l’ombre de mes cils
belle comme une île en exil
et pourtant je regarde
son corps lisse son cœur sec et son cul triste
(la peau morte)
j’aimerais que ma femme soit ce qu’elle ne sera jamais
une main qui caresse au lieu de frapper
un sourire qui absout ce qu’il ne comprend pas
le goût de l’amer et l’odeur de l’iode
et pourtant je la regarde
qui gratte une ampoule cicatrisée une cuticule ou un durillon indolore
(la peau morte)
j’aimerais que ma femme soit ce qu’elle n’aura jamais été
quand vêtue de sa nudité
elle aurait si bien réécrit le mensonge du monde
une étoile au milieu du rien
un gué dans l’espace insondable
et pourtant

    la
    peau
    morte




Martin Zeugma est né au milieu des années 70, il a publié poèmes et nouvelles dans plus de 70 revues (France, Belgique, Suisse, Canada, Sénégal, Haïti), il a participé à plusieurs anthologies aux éditions La Clef d'argent, Alopex et Luna Rossa, et il a accordé son premier entretien à la revue Mozaïk en 2024 (www.mozaik-oi.com/magazine)." Il est présent dans les n° 70, 71, 80, 88, 89, 101, 102 et 113 de Lichen.






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