Marjorie Tixier


D'aucun pays

Je ne suis
D'aucun pays
Que mon corps
Brisé
Recollé
Mon corps fracassé
Réparé
Mon corps envahi
Reconstruit

Je ne suis 
D'aucune racine
Que mon silence
Mon silence imposé
Silence tyrannique
Aux yeux toujours absents

Je ne suis d'aucun bord
D'aucun refus
D'aucun accord

Je ne suis 
Qu'une encre
Qui s'imbibe 
Sur les pages
De mes horizons libres
La parole pour héritage
Et les souvenirs
Pour ancrage
Quand mes exils 
Restent des langues tirées
Au mensonge assassiné







Marjorie Tixier vit en Savoie où elle aime s'inspirer de la beauté des paysages pour écrire. Son recueil de poésies Île des offrandes (un lieu : Bali) a été publié par les éditions Encres vives en juin 2017. Après Emmène-moi à Valparaíso, elle vient de publier La Danse du feu, son tout premier roman. Présente dans les n° 10, 11, 12, 13, 14, 15, 17, 18, 19, 22, 23, 24 et 27 de Lichen. Ce poème est extrait de Regard intérieur, recueil inédit.

5 commentaires:

  1. Il me parle beaucoup, celui-ci *****
    Merci Marjorie.

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  2. J'aime votre poésie car elle est debout.

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  3. Cela ne m'étonne pas Colette. Et c'est un grand compliment pour moi. Merci!

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  4. J'ai bien peur, Marjorie, que nos origines soient indélébiles. Par ailleurs, si nous étions liberté totale, nous serions transparents (C'est peut-être le cas des fées). Si nous étions totale dépendance nous serions opaques. Le miracle de l'homme c'est cet équilibre instable. Et c'est justement quand la balance penche d'un côté ou de l'autre que naissent les conflits. Le tercet du milieu me convient en revanche. Ainsi que l'idée de parole en héritage. Mais justement un pays c'est une façon commune de se dire l'histoire ce qui nécessite une langue. La géographie n'est qu'une incidence. Je terminerai ce trop sérieux commentaire par ce mien aphorisme: Pour être libre il faut être déterminé.

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