Marion Lafage

Renverse d’octobre

La pluie ternit les tissus fauves

Le sang, la rouille et le tonnerre

Achèvent le paysage

Le balancier des champignons 

Repousse la descente vers l’hiver

Tu cherches à retrouver le soleil 

Dans la chair claire des bolets

Tu les épluches, les coupes en rayons beige 

Qu’ils sèchent de l’autre côté du cœur 

Loin de l’été

Pour colmater les fissures intérieures

Un cran supplémentaire

Dans le crénelage des années

La mémoire se réfugie dans les plis 

Intangibles de la montagne 

Leurre des défaillances

Draye et grisaille tambourinent

Sans mousse

À la porte du corps

°

Enneigement sur rouille. Neige rouillée. Traînée rouille sur la neige. Les buissons sanguins laissent des traces sur le premier tapis d’altitude. De loin, une couche pointilliste de finesse tavelée. L’automne léonin se détache sur un fond encore bleu. Rouille sans grincement. Silence d’un rouage mutique, celui de la déclinaison mentale. Le paysage penche vers les couleurs éclatantes du déclin. Tonalités de résonance. Gong d’assaut rafraîchi. Rétractation cuivrée des tresses de tiédeur s’enroulant à mi-journée. Une étole d’illusions, d’éclats carotte et pois cassé.

Née en 1972, Marion Lafage a suivi des études de philosophie. Elle vit à Embrun (Hautes Alpes) où elle a découvert la poésie contemporaine par les éditions Gros Textes (chez qui elle dirige la collection « La petite porte ». Elle passe le DU d’animateur d’ateliers d’écriture à la faculté d’Aix-Marseille en 2017 et anime depuis des ateliers dans l’Embrunais. Publication de poèmes dans les revues Comme en Poésie, Décharge, Paysages Écrits, Méninge, Rumeurs ; participation à des recueils collectifs (L’Aude et ses poètes, 2017 ; 36 choses à faire avant de mourir, Pré#Carré éditeur, 2017 ; Tiers-Livre éditeur ; Carrés Poétiques 2, Jacques Flament, 2018 ; Un rêve, L’Aigrette, 2019 ; Écrits-Studios de Patrick Dubost, 2019). Présente dans les n° 23 et 28 de Lichen.