Marion Lafage


Avec Nicolas de Staël

J’ai récupéré le casse-lumière du rivage coquelicot
La nature morte au chandelier
L’arbre bleu penché en Provence 
J’ai récupéré la tache blanche de Ménerbes
Les à plats kaki de la route d’Uzès
L’atelier vert et les bouteilles rouges
Le nu couché et les mouettes
Le gris d’étain du fort carré d’Antibes
La sérénité crispée des Indes Galantes
La traînée noire du Chemin de fer au bord de mer
J’ai récupéré l’écart intérieur du neuf
La fulgurance de la trajectoire
Le chemin droit et courbe
La profondeur aux confins du plan vierge
Les échancrures du temps
Et la rupture du souffle
J’ai récupéré la force inaliénable
Portée, brûlée, veinée, entoilée
Le creuset égrisé des yeux
Et les élancements dérobés
J’ai récupéré « le rai de lumière générale »de Merleau-Ponty
L’équilibre de préférence sans équilibre
Le contact intermittent du collier des accidents
Les fragments lumineux dans le segment des sensations
J’ai récupéré le rythme du ciel et sa racine
La densité aride de la question
La vibration silencieuse du pinceau
Comme « un divin hasard »






Née en 1972, Marion Lafage a suivi des études de philosophie. Elle vit à Embrun (Hautes Alpes) où elle a découvert la poésie contemporaine par les éditions Gros Textes (chez qui elle dirige la collection « La petite porte ». Elle passe le DU d’animateur d’ateliers d’écriture à la faculté d’Aix-Marseille en 2017 et anime depuis des ateliers dans l’Embrunais. Publication de poèmes dans les revues Comme en PoésieDécharge, Paysages ÉcritsMéningeRumeurs ; participation à des recueils collectifs (L’Aude et ses poètes, 2017 ; 36 choses à faire avant de mourir, Pré#Carré éditeur, 2017 ; Carrés Poétiques 2, Jacques Flament éd., 2018 ; Un rêve, L’Aigrette, 2019 ; Écrits-Studios de Patrick Dubost, 2019). Présente dans les n° 23 et 28 de Lichen.

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